Canyon de Colca, sans guide

L’excursion dans le « Cañon del Colca » (Canyon de Colca) est la plus pratiquée au départ d’Arequipa, même si la région offre bien d’autres activités de plein air comme l’ascension du volcan El Misti ou du rafting dans le canyon du Majes.

Par nos différentes rencontres et quelques recherches avisées auprès de l’ami « Google », nous nous sommes rendu compte que nous pouvions sans difficulté entamer cette excursion sans recourir aux services d’un guide.

Le 16/11/2013 en début d’après-midi, nous montons dans un bus local de la compagnie « El Señor de los Milagros » (pas complètement rassurant ce nom), qui doit nous emmener en 6 heures environ jusqu’au village de Cabanaconde, une paisible localité rurale de 2700 habitants, située à presque 3300 m. d’altitude, base de départ idéale pour entreprendre la plupart des randonnées offertes par le Canyon de Colca. La route pour rejoindre Cabanaconde depuis Arequipa est longue mais vaut la peine d’être vue de jour. Elle commence par grimper vers le nord-est, passe devant El Misti et le Chachani puis traverse la réserve nationale « Salinas y Aguada Blanca », qui couvre près de 370 000 ha de terrain à une altitude moyenne de 4300 m. et dans laquelle trois des quatre espèces de la famille des camélidés sud-américains font partie du paysage : vigognes, alpagas et lamas. La quatrième, le guanaco, a quasi disparu de la région. Au-delà de la réserve, la route, de plus en plus cahoteuse, traverse un haut plateau aride et grimpe jusqu’à 4800 m. avant de plonger en lacets de façon spectaculaire vers Chivay, la capitale de la province de Caylloma, en définitive, une bourgade poussiéreuse à l’entrée du canyon, qui sert de plaque tournante pour les transports et voit passer des vagues de touriste en circuit organisé arrivant d’Arequipa. C’est aussi à Chivay que la municipalité ou le syndicat du canyon va profiter d’une pause du bus pour vous ponctionner 70 sols par personne pour le « boleto turistico », sésame indispensable pour accéder à la plupart des sites du canyon. Il parait que la moitié des recettes revient à la municipalité d’Arequipa qui utiliserait l’argent pour l’entretien et la conservation des sites locaux (le gars qui a la responsabilité d’entretenir les chemins de randonnée du canyon n’a pas du mettre les pieds dans le canyon depuis un petit bout de temps, dans ce cas), l’autre moitié allant à l’agence nationale du tourisme. Enfin, entre Chivay et Cabanaconde, la route longe la rive sud du canyon et traverse plusieurs villages qui utilisent toujours les terrasses incas environnantes.

Le 17/11/2013 de bonne heure, après une nuit de repos à l’auberge Pachamama Backpacker Hostal, une bonne adresse pour faire étape à Cabanaconde, nous entamons donc la descente dans le fameux Canyon de Colca, avec pour objectif le minuscule village de Sangalle (surnommé « l’oasis ») situé tout a fond du canyon et servant d’étape de nuit pour la plupart des randonneurs. Le circuit que nous avons choisi d’emprunter passe par plusieurs micro-villages du canyon et fait une vingtaine de km jusqu’à Sangalle.

Avec une longueur de 100 km et une profondeur qui varie entre 1000 m. et plus de 3000 m, le Canyon de Colca a été sujet à une controverse qui a fait rage des années durant : avec ses 3191 m., était-il le canyon le plus profond du monde ? On sait depuis peu qu’il arrive en deuxième position derrière son voisin, le Cañon del Cotahuasi, qui le bat de 150 m. Ils sont toutefois au moins deux fois plus profonds que le Grand Canyon du Colorado, et pourtant bien moins impressionnants. Malgré sa profondeur, la Canyon de Colca est récent à l’échelle des temps géologiques. Les eaux du Colca ont creusé des roches essentiellement volcaniques déposées il y a moins de 100 millions d’années le long d’une immense faille de la croûte terrestre. Même si nous n’avons pas eu la chance d’en apercevoir, il n’est pas rare de pouvoir observer des condors planant dans les courants d’air ascendants générés par la profondeur de la vallée couplée à un temps ensoleillé. Les habitants de la région descendent de 2 groupes ethniques rivaux et se distinguent par la forme de leurs chapeaux et à leurs vêtements traditionnels aux broderies élaborées. Le Lonely Planet prévient que les femmes de la région ne se laissent prendre en photo qu’en échange d’un pourboire : nous confirmons !

Alors que le temps de marche annoncé est de 7 heures environ, nous atteignons l’oasis de Sangalle à 12h pile, en 4h30 de marche (super fier de ma chérie) ce qui nous laisse tout l’après-midi pour nous prélasser au bord de la jolie piscine de l’auberge que nous choisissons pour passer la nuit. Tout au fond du canyon, la végétation contraste fortement avec celle de la région : elle est presque tropicale avec ses palmiers, fougères et orchidées dans certains coins isolés. Après une bonne randonnée, l’oasis de Sangalle est un vrai petit coin de paradis, reposant à souhait.

Le lendemain matin, c’est un rude trek de 3h qui nous attend pour rejoindre à nouveau Cabanaconde et que nous réalisons de bonne heure pour éviter la chaleur. Nous arrivons à Cabanaconde en milieu de matinée avec un peu d’avance pour reprendre un bus direction Arequipa qui va, cette fois, mettre pratiquement 8 h au lieu de 6 à cause d’une crevaison, probablement résultat du mauvais état de la route et de cette fâcheuse tendance qu’ont les compagnies locales à charger leurs bus au moins 2 fois plus que la capacité maximum d’accueil. Au vu du nombre de passagers au retour et la dangerosité de la route, « El Señor de los Milagros » porte bien son nom !

2 réflexions sur « Canyon de Colca, sans guide »

  1. Vincent

    Nous sommes aussi allé au Pachamama pour passer la nuit à Cabanaconde. C’était cool, on y avait rencontré des gens très sympa.
    Nous aussi avions fait notre trek sans guide. Sur trois jours, on a failli se paumer au moins 15 fois, et on a fait une journée à 10h de marche à cause de cela. (J’ai donc été super fier de ma chérie aussi!).
    On était partis de Cabanaconde, pour rejoindre Llahuar, puis monter ce même jour jusqu’à Llatica. Ca faisait une sacrée journée. Le lendemain on a rejoint la Catara de Fure, qui était impressionnante. Et depuis cette cascade, looooooongue marche interminable pour rejoindre l’oasis de Sangalle où nous avions passé notre dernière nuit. Si tu as encore un plan osus les yeux, jette un oeil ca fait une bonne trotte pour ce deuxième jour tu verraas :).
    Léa s’est tapé un sacré sorroche pendant la nuit et a du remonter 3h durant jusqu’à Cabanaconde avec une énorme fièvre le lendemain. C’était l’horreur. Bref, on aura beaucoup de souvenirs à échanger avec vous à votre retour!
    Hâte de lire la suite. Grosse bise
    V.

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    1. Loïc

      Je regarderai sur une carte parce que les noms que tu évoques ne me parlent parlent pas, ce qui me laisse croire qu’effectivement votre deuxième journée de marche a d être rude 😉
      Bel endroit en tout cas, belle rando. et récompense agréable tout au fond.
      Le « Boleto Turistico » est en revanche l’arnaque du siècle à mon humble avis !
      A plus Frang’

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