Phnom Penh

Le lendemain matin, 10/07/2013, nous reprenons déjà la route et continuons à nous déplacer vers l’Est pour rejoindre Phnom Penh, capitale et ville la plus peuplée du Cambodge ainsi que son centre économique et politique. Fondée en 1434, la ville se développe beaucoup sous l’impulsion de la France laissant en héritage nombre de bâtiments à l’architecture européenne et coloniale, notamment le long des grands boulevards.

Malheureusement, notre passage à Phnom Penh sera de trop courte durée pour nous permettre d’apprécier cet héritage. En revanche, séjour instructif du point de vue historique puisqu’il nous permet à tous les 2 de découvrir une (triste) page de l’Histoire de l’Asie du Sud Est que nous ignorions passablement: le génocide cambodgien causé par le régime « Khmers rouges ».

Allez, encore un petit paragraphe d’Histoire:

Le régime des « Khmers rouges » est le surnom d’un mouvement politique et militaire cambodgien communiste qui a dirigé le Cambodge juste avant le début des années 1980.

Les Khmers rouges ont pris le pouvoir au terme de plusieurs années de guerre civile, établissant le régime politique connu sous le nom de Kampuchéa démocratique, dont le dirigeant principal Saloth Sâr, est plus connu sous le nom de Pol Pot.

Entre 1975 et 1979, leur organisation a mis en place une dictature d’une extrême violence chargée, de créer une société communiste sans classes.

Le 17 avril 1975, le jour de la nouvelle année cambodgienne, Phnom Penh a été évacuée de force, la ville fut vidée de la quasi-totalité de ses 2 millions d’habitants, et laissée à l’abandon pendant presque 4 ans.

Le régime a ensuite causé la mort de plus de 1,7 million de victimes, soit plus de 20 % de la population de l’époque, avant d’être finalement chassé du pouvoir en 1979 par l’invasion vietnamienne du Cambodge.

A Phnom Penh, c’est désormais le musée « Tuol Sleng » (Former Office S.21), une ancienne école transformée par les forces de Pol Pot en prison et en centre de torture, appelé à l’époque S.21, qui permet de rendre hommage à ceux qui périrent sous ce régime.

Il ne faut donc pas s’attendre à une visite « agréable » puisque ce qui figure ici est l’illustration même de la barbarie humaine: des cellules minuscules (2m de long x 0,8m de large), photos de victimes, témoignages écrits, instruments de torture etc.

Vers la sortie du musée, l’un des 2 seuls (à priori) rescapés de cet affreux centre de détention, tient un stand pour la promotion de son bouquin qui raconte sa terrible épreuve : 3 ou 4 ans de souffrance dans cette prison avant de retrouver sa liberté en 1979. Cet homme a aujourd’hui plus de 80 ans et nous avons peine à comprendre comment il peut revenir ici tous les jours, 30 après.

Une partie de l’explication se trouve dans son bouquin sans doute, l’épilogue disant à peu près la chose suivante : « Comment pourrai-je ressentir de la haine contre mes bourreaux de l’époque, des hommes qui agissaient sous ordres militaires et qui mettaient immédiatement leur vie en péril si ils refusaient de coopérer ? N’aurai-je pas, à leur place, également agi de la sorte ? »

J’aimerais être capable de faire preuve d’autant de sagesse.

Siem Reap

Après le séjour humide mais apaisant à Koh Chang, nous prenons ce matin, le 08/07/2013, la direction du poste frontière de Poipet, pour rejoindre la ville de Siem Reap au Cambodge. Une journée de voyage s’annonce donc, et elle va s’avérer plus longue que prévue.

Le programme consiste d’abord en un trajet supposé de 4 à 5h de mini van (et oui, toujours le mini van, on ne change pas une équipe qui gagne) puis un timing supposé de 1h30 environ pour réaliser les formalités administratives obligatoires au poste frontière de Poipet (production des visas et contrôle des passeports) puis à nouveau 2 à 3h de bus public pour le dernier tronçon au Cambodge, entre Poipet et Siem Reap. En principe et dans le pire des cas, nous devrions être à Siem Reap autour de 16h30, voire 17h.

Le mini van nous cueille à l’heure prévue à notre hôtel : départ 7h30, on est à l’heure, impeccable. Le premier tronçon tarde finalement 6h30 environ, probablement à cause du déluge qui continue de s’abattre sur l’est thaïlandais. Le mini van s’arrête, comme nous nous en doutions, dans un restaurant / agence de tourisme dans lequel nous savons que nous ne devons pas effectuer de formalités administratives puisqu’on va essayer de nous faire payer le visa 40% plus cher que le prix officiel de la frontière situé à 1,5 km de là. Le staff qui s’occupe des voyageurs nous isole assez vite du groupe, voyant bien que nous devons être informés du « scam », afin que nous ne perturbions pas ce business organisé dans lequel tombent finalement presque tous les passagers. On nous conduit donc avant tout le monde directement à 200 m. du poste frontière, que nous rejoignons à pied. Après le contrôle de passeport à la sortie du territoire thaïlandais, nous sommes maintenant en zone franche et nous dirigeons vers le poste de procédure de visas. La procédure d’obtention du visa touristique pour le Cambodge est rapide: un formulaire à remplir et on passe à la caisse évidemment. On nous réclame bien sûr d’abord 25$ chacun, alors que le prix est de 20$ pour les gens amenant une photo d’identité, ce que Magda fait remarquer à l’agent de la frontière. Il grogne mais n’insiste pas et Magda obtiendra donc son visa au prix officiel. Quant à moi, ayant perdu ma photo d’identité entre temps, je paie 25$ sans broncher. On pense que le principal est fait mais le plus long reste à venir: presque 2h de queue pour le contrôle de passeport d’entrée sur le territoire cambodgien : et là ça finit par ressembler à une punition car on a nos sacs sur le dos et le mien pèse quand même 18 kg ! A presque 16h, nous entrons donc finalement au Cambodge et nous patientons quelques minutes dans un « shuttle » bus qui doit nous conduire à un terminal de bus duquel nous devrons emprunter un dernier bus public pour parcourir les 150 km qui nous séparent de Siem Reap : et bien on n’est pas arrivés! Le dernier tronçon nous prend encore bien 3h et nous atteignons enfin Siem Reap en fin de journée : il est 19h30.

Entre temps (on en a eu du « temps » aujourd’hui), nous avons fait la connaissance de 2 « frenchies », très sympa, Florian et Hugo, qui font le même trajet et avec qui nous passerons les prochaines 36h. Un bon diner le soir aux alentours de notre Guest House et au dodo car demain, lever à nouveau 4h45 pour partir visiter les célébrissimes temples d’Angkor, le lieu touristique le plus visité du Cambodge, une source d’inspiration et une fierté nationale pour tous les cambodgiens.

Après une courte nuit, nous quittons la Guest House à vélo pour rejoindre la cité d’Angkor situé à 7 ou 8 km au nord de Siem Reap. Angkor rassemble plus d’une centaine de temples construits entre la fin du IXème siècle et la fin du XIIème siècle, par les rois successifs de l’empire Khmer qui aura duré plus de 600 ans entre 802 et 1432 et dominé une large frange de l’Asie du Sud-Est continentale, de la Birmanie, à l’ouest, au Viêt Nam, à l’est. Il semble que chacun de ces « Dieu-Rois » durant son règne, a mis un point d’honneur à construire plus beau, plus grand, plus symétrique que ces prédécesseurs, nous laissant un inestimable héritage culturel dont le plus grand bâtiment religieux jamais construit : Angkor Vat. La cité d’Angkor dénombrait, à son apogée, plus d’ 1 Million de personnes et couvrait une superficie d’environ 1 000 km². A la même époque, la ville de Londres ne comptait que 50 000 habitants.

Angkor a ensuite connu l’un des effondrements les plus méconnus de tous les temps.  . À la fin du XVième siècle, lorsque des missionnaires portugais découvrirent les tours en forme de lotus d’Angkor Vat, la capitale de l’empire agonisait déjà. Les spécialistes ont avancé de nombreuses explications mais la plus probable est la suivante : Angkor aurait été condamnée d’avance par cette même ingéniosité qui transforma un ensemble de petits fiefs en empire. La civilisation khmère avait appris l’art d’apprivoiser les déluges saisonniers de l’Asie du Sud-Est, en stockant l’eau dans d’immenses bassins (appelés baray) pour éviter les inondations et la restituer en période de sécheresse. Mais elle perdit le contrôle de l’eau, la plus vitale des ressources, entraînant ainsi son déclin. Des sécheresses sévères et prolongées, ponctuées par des pluies torrentielles, auraient anéanti le système hydraulique. Le pouvoir se déplaça alors vers Phnom Penh, au XVième siècle, après une période de moussons irrégulières.

Ce n’est qu’en 1861, début de la conquête de la Cochinchine par la France, que le naturaliste Henri Mouhot explorant la région, permet la re-découverte d’Angkor Vat puis d’Angkor Thom. Son récit sera publié dans son « Tour du Monde » en 1863.

Voilà pour l’Histoire! De notre côté, nous passons donc la matinée à visiter ce splendide lieu de pèlerinage historique répartis sur plusieurs centaines d’hectares de terrain, tantôt à pied, tantôt à vélo, et ne regrettons pas d’avoir fait l’effort de nous lever tôt pour profiter au mieux de la visite. Vers 13h, nous rentrons à Siem Reap pour pouvoir achever notre nuit par une sieste.

Le soir, nous retrouvons Hugo et Flo avec qui nous avons convenu de diner à nouveau et terminons la soirée dans le quartier de Siem Reap fréquenté par les Backpackers, pour trinquer ensemble autour d’une bonne bière fraiche.

Ainsi s’achève notre séjour à Siem Reap, trop court sûrement, mais qui restera un excellent souvenir de par le surréalisme des temples d’Angkor et cette sympathique rencontre avec nos 2 compagnons de galère.

@Hugo & Flo : Bonne continuation à vous 2 au plaisir de vous retrouver un de ces jours

Koh Chang

Après l’étape Kanchanaburi, notre prochaine destination est une île pratiquement à l’opposé de la Thaïlande, peu éloignée de la frontière avec le Cambodge.

Le jeudi 04/07/2013, nous voilà donc à nouveau sur la route, toujours en mini van réservé depuis notre Guest House direction l’Est thaïlandais. Nous espérons, ce matin encore, réussir un coup de maître : faire le trajet Kanchanaburi – Koh Chang pour un budget que nous estimons pouvoir être réduit de plus de la moitié par rapport à la proposition des agences de voyage de Kancha.

L’arrêt et le changement de mini van à BKK semble inéluctable mais en la jouant finement au niveau des choix de lieux possibles d’arrivée à BKK et en espérant toujours pouvoir acheter notre second billet à un tarif « thaïlandais », malgré notre dégaine, j’y crois à fond. Je décide donc de mettre toutes les chances de notre côté en passant l’heure et demi de transport du 1er mini van pour bredouiller 3 mots de thaï qui pourraient, d’après ce que j’ai lu, changer la donne au guichet !

Bingo, ça passe une fois de plus ! Magda me dit qu’elle va retenir longtemps l’expression sur le visage de la fille au guichet qui ne s’attendait manifestement pas à entendre de ma bouche « Bonjour, je souhaite 2 billets pour le port de Laem Ngop, SVP » dans sa langue maternelle. Il n’y avait sans doute ni le ton, ni l’accent, mais comme dit si bien Maman « tant qu’on se fait comprendre »… Tellement peu de touristes se prêtent au jeu, que même le « Lonely Planet » indique qu’un effort si minime soit-il sera toujours apprécié même si il n’est pas couronné de succès dès la première tentative. Je confirme, ça vaut le coup : bilan, on arrive le soir à Koh Chang vers 19h00, pour un budget par personne de 600 THB, contre 1250 THB pour exactement la même prestation proposée le matin même à Kancha. Avec une petite part d’incertitude toujours, mais qui n’est finalement pas pour nous déplaire, vous l’aurez compris, je dirai même qu’elle devient grisante (tant que ça se déroule bien, évidemment)

Nous passons 4 jours sur Kog Chang, mais la pluie va se mêler de notre emploi du temps et sérieusement compromettre nos intentions de Farniente. Même si ce n’est pas non plus notre activité favorite, c’est un peu dommage car l’île est très sauvage, et les plages désertes.

Nous passons donc 4 jours, K-way à portée de main, baignades à la piscine de notre hôtel – nous avons temporairement troqué la « Guest House » contre le « « Resort » – quand la pluie se calme, « pad thaï » (le plat thaï le plus répandu, à base de Noodles) au restau quand il « fait faim » et location de scooter pour partir à la découverte de l’ile, qui va se finir de façon un peu prématurée toujours pour raison de pluie battante. On avait eu de la chance jusque-là en étant très peu gêné par la saison des pluies (la « mousson »), mais à Koh Chang, on dirait que la « chance a tourné », allant sourire aux autres.

Ce n’est pas grave, il en faut bien plus pour nous décourager, et puis pour une fois, ce n’est pas comme si nous n’avions que 10 jours de vacances avant de rentrer bosser.

Kanchanaburi

Cela fait 3 jours que nous sommes en Thaïlande, et ce matin – mardi 02/07/2013 – nous quittons donc la capitale, sacs sur le dos, de bonne heure, afin de rejoindre un supposé point de départ de mini van (sans aucun doute, LE moyen de transport à privilégier) pour la ville de Kanchanaburi, située à environ 150km à l’Ouest de BKK.

Comme nous sommes bien décidés à ne recourir à aucun office de tourisme, enfin aucune « agence de voyage sans aucun scrupule », si vous avez lu notre précédent article, il y a évidemment une part d’imprévu plus forte : est-ce que le lieu supposé pour acheter les billets est toujours à cet endroit ? Sera-t-il ouvert à 7h30 du matin ? Les billets que nous prévoyons d’acheter sont-ils exclusivement réservés aux thaïlandais ou les touristes peuvent-ils se les procurer ? Si oui, au prix figurant sur les quelques forums internet que nous consultons ? Ou à un « prix touriste » ?

Définition : lorsqu’un vendeur commence la conversation par « Hello my friend », alors son offre sera probablement tout sauf un « prix d’ami » mais plutôt un « prix touriste », l’acte d’achat, s’il a lieu, entraînant un préjudice dont le montant dépend essentiellement de… la « gueule » du touriste, je dirais !

Après une nouvelle esquive d’arnaque du chauffeur de Tuk-Tuk, qui commence par essayer de nous déposer ailleurs qu’à l’endroit demandé et à nous laisser entre les mains d’un copain « agent de voyage » (Magda, rapide comme l’éclair en détection d’arnaque, n’est même pas descendue de l’engin, « chapeau l’artiste »), nous finissons par trouver, après un peu de patience et d’insistance, les billets escomptés et au tarif évoqué par nos amis les « bloggeurs voyageurs ». Il faut donc croire que nous sommes tous 2 nés sous une bonne (excellente ?) étoile et qu’Internet est décidément (j’étais déjà convaincu, en fait) une formidable source d’information à condition de savoir discriminer les sources et infos efficacement pour ne pas se perdre ou suivre une indication erronée ou imprécise : comme avec la presse finalement !

Bref, nous arrivons de bonne heure à Kanchanaburi et le mini van nous dépose directement à notre Guest House, au bord de la rivière « Mae Nam Khwae Noi », que vous connaissez plus simplement sous le nom « rivière Kwai » grâce au roman de Pierre Boulle « Le Pont de la rivière Kwai » et au film du même nom. Charmante Guest House, très abordable, staff accueillant, notre chambre est sur « pilotis », nous dormirons donc « littéralement » sur la rivière Kwai.

Le programme que nous prévoyons est le suivant :

Jour 1: l’après-midi, nous décidons de nous rendre au « Tiger Temple » à une trentaine de km de Kanchanaburi. C’est un temple, géré par des moines bouddhistes, qui a accueilli un 1er tigre orphelin en 1999, à la suite de la mort de sa mère, tuée par des braconniers. L’histoire qui s’est ensuite répandue était que ce temple pouvait accueillir des tigres orphelins et en quelques années, leur nombre a considérablement augmenté jusqu’à dépasser le chiffre de 100 depuis Mai 2012.

Tous les après midi, entre 13h00 et 17h00, les tigres sont sortis de leurs enclos et amenés dans un canyon supervisé pour exercer leur sens communautaire et réaliser des exercices. C’est aussi une fantastique opportunité de séances photos avec les touristes, et une formidable opportunité « business » bien entendu.

Le temple fait l’objet d’une controverse née de critiques de la part de défenseurs des droits des animaux. Certains parlent de maltraitances réservées aux tigres du temple, d’autres évoquent des drogues et médicaments rendant les tigres léthargiques et le spectacle désolant. Rien de cela, n’a jusqu’ici été prouvé, il me semble, malgré des enquêtes diligentées par le gouvernement thaïlandais.

Même si l’entrée n’est pas donnée, nous avons, de notre côté, profité pleinement de l’expérience et sommes loin de partager les critiques qui peuvent parfois être lues à propos du lieu. Les photos parlent d’elles-mêmes.

Jour 2: cette fois, pas de controverse possible, Erawan National Park et ses cascades et piscines naturelles d’eau turquoise mettent absolument tout le monde d’accord. Le parc s’étend sur 550 km2 et les cascades et piscines naturelles sont réparties sur 7 niveaux ce qui représente une très chouette ballade  faisable à la journée et pouvant être agrémentée de baignades régulières dans un décor naturel tout simplement somptueux. A NE SURTOUT PAS MANQUER ! Photos à retrouver dans l’album de Kanchanaburi.

Nous terminons la journée en nous rendant au fameux point de la rivière Kwai, situé à seulement 2 km de notre Guest House. C’est un pont ferroviaire, faisant partie de la « Death Railway », construite pendant le 2nde Guerre Mondiale (entre 1942 et 1943) pendant l’occupation japonaise de la Thaïlande. L’objectif stratégique de cette voie de chemin de fer était de relier 415 km de terrain accidenté entre la Thaïlande et la Birmanie pour servir de route alternative d’acheminement de matériel pour l’invasion de l’Inde par les japonais. Malgré les estimations initiales de temps nécessaire pour achever l’ouvrage autour de 5 ans, l’armée japonaise a imposé des conditions de travail proche de l’esclavage en territoire occupé et la voie ferroviaire a été terminée en seulement 16 mois. Il a ensuite été bombardé par les soldats de l’Alliance et n’a donc finalement pas pu servir sa cause initiale. C’est donc plus l’histoire que nous retiendrons, que l’ouvrage lui-même. Le pont étant situé dans la ville même de Kanchanaburi, si vous passez par-là, allez-y faire un tour, c’est rapide à voir et instructif du point de vue historique.

Bangkok

29/06/2013, 16h, nous atterrissons à Bangkok avec enthousiasme en pensant à ce que nous réserve cette nouvelle destination et culture. Les premiers instants, juste après la descente de l’avion, sont très agréables si l’on compare avec la dernière fois que nous sommes sortis d’un aéroport (à New Delhi, il y a 3 semaines).

Cette fois, on retrouve immédiatement des repères familiers : les voitures respectent les panneaux de signalisation, pas d’animaux en vue au milieu de l’autoroute, pas de harcèlement pour que nous choisissions telle ou telle compagnie de taxi, et les déchets sont jetés dans des poubelles. L‘Inde ne nous manque pas encore ! Mais, le revers de la médaille, c’est qu’on note aussi tout de suite que les gens sourient moins et semblent moins disposés à rendre service de façon désintéressée. Et très vite, cet humanisme va nous manquer. Autant le dire tout de suite, notre court séjour à Bangkok aura mis en évidence qu’ici, celui qui s’approche d’un touriste le fait presque toujours par intérêt financier, j’en reparle un peu plus tard.

Nous avons réservé préalablement une Guest House à Khaosan road, le fameux quartier des routards à Bangkok, dont le jardin central nous rappelle le Japon. Tout juste arrivés, nous achetons 2 bières fraiches et nous installons sur le toit-terrasse de PenPark Place pour prendre l’apéritif. Nous sommes seuls, de grands transats tout confort s’offrent à nous jusqu’au coucher de soleil, nous sommes tout simplement heureux.

Nous passons la journée suivante à décider et organiser la prochaine dizaine de jours qui nous attend en Thaïlande de façon à conserver suffisamment de temps pour le Cambodge et le Vietnam et nous permet aussi de ne pas recourir à une des nombreuses agences de voyage locales.

Le 3ème jour à Bangkok, nous partons à la rencontre du quartier Khaosan Road et acceptons l’offre d’un chauffeur de Tuk-Tuk de nous faire découvrir sur la journée, les principaux lieux touristiques de la ville pour une somme dérisoire (20 THB, soit 0,50€). Etrange, mais de toute façon, c’est la seule façon pour espérer voir un peu Bangkok dans le temps imparti.

On se retrouve vite confronté à une arnaque classique de Bangkok qui ne coûte pas d’argent à condition de la connaitre mais qui fait perdre du temps: le chauffeur de Tuk-Tuk vous conduit effectivement en suivant un circuit passant par les lieux touristiques d’intérêt, mais ce qu’il ne vous dit pas, c’est qu’il va rajouter des étapes « obligatoires » dans le circuit : une boutique de costumes « unique en son genre » vendant à prix d’usine, une bijouterie vendant des pierres précieuses (qui ne viennent même pas de Thaïlande en fait) et de supposées offices de tourisme ne partageant absolument aucune information d’intérêt avec les touristes et qui sont en réalité des agences de voyage indélicates cherchant à tout prix à refourguer leurs packages complets incluant hébergement, transports, repas et activités à des prix souvent exorbitants par rapport au coût moyen de la vie. Dès la première étape imposée, nous indiquons au chauffeur que cela ne nous intéresse pas et que nous n’achèterons de toute façon rien, ni ici, ni dans une autre boutique. Un peu plus tard dans la journée, le chauffeur confesse qu’il gagne sa vie avec les coupons qu’il récupère à chaque fois que nous entrons dans une boutique et y restons au moins 5 minutes même sans acheter quoi que ce soit. Il nous supplie presque de rentrer dans une dernière « agence de voyage » avant que nous le quittions en fin de journée, une agence qui va nous jeter de façon bien impolie face à nos doutes manifestes quant à leurs propositions financières que nous estimons bien trop chères. Nous trouvons dommage que ces techniques soient massivement pratiquées, surtout à Bangkok qui est souvent le point d’arrivée des touristes en Thaïlande et ne participe donc pas à mettre les touristes dans de bonnes conditions pour leur séjour. Cela renvoie plutôt d’emblée une image négative du traitement réservé aux touristes et entraîne par la même occasion souvent une méfiance des touristes finalement dommageable pour tout le monde.

Passons, je ne souhaite pas que nos lecteurs retiennent uniquement cet aspect de Bangkok. Parmi les lieux touristiques, ceux que nous retenons sont une représentation géante de Bouddha (15m. dorée de haut en bas), plusieurs temples en l’honneur de Bouddha « Little Buddha », « Lucky Buddha » (qui exauce tous les vœux, quels qu’ils soient) et « Wat Saket », autrement appelée « Golden Mountain », encore un temple bouddhiste au sommet d’une colline aux reflets dorés, que nous visitons avec un couple de danois rencontré en chemin. La vue sur la ville de Bangkok y est imprenable.

Certains temples sont presque de petits villages dans la ville, au sein desquels vivent les moines en communauté. Dans l’un d’eux, nous faisons une amusante rencontre : un moine bouddhiste de 80 ans vivant à l’intérieur du complexe religieux nous invite à nous asseoir sur sa terrasse pour partager une conversation avec lui. Il parle un anglais vraiment approximatif mais nous parvenons à communiquer. Il rit régulièrement aux éclats et de façon tellement communicative que le temps passe et nous restons plus d’une demi-heure chez lui, à parler de la royauté espagnole, de notre président Hollande et de feu Président Sarkozy, qui a semble-t-il plus marqué l’esprit de notre hôte que notre actuel président socialiste. Au moment de nous séparer, il nous offre plusieurs bouteilles d’eau et conclue en me regardant : « No wife, no trouble, no kids, no trouble ! ». Un peu triste, peut-être, en tout cas, lui, malgré sa vie solitaire liée à ses convictions religieuses, nous a paru tout sauf triste !

Le jour suivant, nous quittons Bangkok et partons dans l’Ouest de Thaïlande pour quelques jours, direction la province de Kanchanaburi, réputée pour la beauté de ses paysages naturels.

Calcutta

Calcutta est la dernière étape de notre séjour en Inde du Nord. Nous atteindrons Howrah Junction, une des stations de train de Calcutta, après, une fois n’est pas coutume, un long trajet de plus de 20h (départ de Varanasi le 25/06/2013 à 20h40, arrivée à Calcutta le 26/06/2013 en principe vers 16h00). Finalement, j’aurai tout de même un peu mieux dormi que dans le précédent trajet en train, malgré une couchette de classe inférieure : la fatigue accumulée depuis quelques jours finit par permettre de dormir y compris dans les endroits ou conditions les moins favorables. Magda, quant à elle n’aura pas été gênée du tout par l’inconfort de la couchette, les mouvements du train et les passages incessants dans les couloirs : c’est qu’elle a, comme chacun sait, une expérience dans l’art de la sieste, compétence qui m’est complètement étrangère.

Nous nous attendons, d’après ce que nous en avons lu, à découvrir une ville affichant une pauvreté encore plus brutale que dans les précédentes villes traversées. « Yes, there is in-your-face poverty », dit le Lonely Planet! Etonnamment, à notre arrivée, c’est plutôt l’impression inverse qui nous gagne, Magda et moi. Nos premières échanges convergent : nous trouvons les rues de Calcutta plutôt plus proches de grandes métropoles occidentales que celles de Delhi par exemple, il nous semble aussi qu’un certain nombre de bâtiments sont plutôt moins miteux, la quantité de voitures récentes nous semble plus importante et nous croisons assez peu de Tuk-Tuk. Les gens autour de nous semblent également moins prêter attention à notre présence comparativement au reste de notre parcours.

Le soir, nous dînons dans un restaurant bengali reconnu – Bhojohari Manna – en suivant toujours les recommandations de l’ami « Lonely Planet » : curry de poulet, Mango chutney « naturel », accompagnements divers : riz et petits légumes et « Shukto », un assortiment de légumes noyés dans un sauce à base de lait / yaourt. Tout est succulent et pour une fois moins épicé : l’art de cuisiner juste pour permettre au palais de goûter chaque ingrédient. Le restaurant a reçu, rien qu’en 2012, 3 Awards différents pour la qualité de ses plats typiques du Bengale, et ces récompenses semblent tout à fait méritées. Pour finir, et pour le bonheur des voyageurs au budget limité, l’addition est ridiculement basse. On reviendra demain, promis, juré ! Sauf que le lendemain matin, Magda reste littéralement clouée au lit : la faute peut-être aux desserts, achetés dans une pâtisserie, toujours reconnue et recommandée par LP, qui sont comme bien souvent, en dehors de France, moins réussis car trop « étouffe-chrétien » ou trop sucrés. Du coup, impossible pour elle d’avaler quoi que ce soit pendant les prochaines 48h.

L’après-midi, Magda restant couchée à l’hôtel, je décide d’aller visiter le Victoria Memorial Hall, dont la construction en l’honneur de la reine Victoria, aura duré plus de 20 ans au début du 20ème siècle. Imaginez-vous un croisement de bâtiment entre le Taj Mahal et le Capitole américain, vous obtenez le Victoria Memorial Hall.

La galerie de peintures à l’intérieur n’a que peu d’intérêt quand on a la chance d’avoir grandi à Paris mais le bâtiment et les jardins qui l’entourent sont agréables pour se promener et la chaleur à Calcutta est plus supportable qu’ailleurs. A la sortie, je me promène dans un gigantesque parc, rappelant les pelouses londoniennes, dans lequel les activités pratiquées reflètent un temps pas si lointain où l’Inde était britannique : les adolescents jouent au criquet, d’autres font de l’équitation, les plus âgés jouent aux cartes et je tombe sur une compétition de cerf-volant. Ici réduit à sa plus simple expression : un losange en tissu attaché en son centre à une bobine de fil, la compétition consiste à dérouler la bobine de fil le plus loin possible en gardant son cerf-volant en l’air. C’est moins sportif que le cerf-volant acrobatique mais il faut tout de même bien connaitre la pratique pour maintenir le cerf-volant en l’air aux distances dont on parle ici que j’estime supérieures à 500 m. : le cerf-volant finit par ne plus être qu’un tout petit point sombre dans le ciel à peine visible.

Cet après-midi conforte mes premières impressions sur une pauvreté plutôt moins visible qu’ailleurs. J’ose sincèrement croire ne pas m’être « habitué » à la pauvreté qui nous entoure depuis quelques semaines, qui reste toujours difficilement supportable, et attribue du coup plutôt cette impression au fait que notre court séjour ne nous aura pas permis de découvrir vraiment Calcutta (2 jours et demi seulement).

Nous pensions quitter l’Inde sur une note éventuellement un peu plus « optimiste », mais c’était sans compter sur le trajet en taxi jusqu’à l’aéroport de Calcutta qui nous renvoie à nouveau en pleine figure la réalité du pays

« Incredible India », terre de contrastes.