Córdoba

Après Mendoza, nous quittons enfin la Cordillère des Andes et nous dirigeons plein Est, vers Córdoba, de son premier nom « Córdoba de la Nueva Andalucía », 1,5 Millions d‘habitants, capitale de la province du même nom et enfin siège d’un archidiocèse catholique c’est-à-dire le centre de la province ecclésiastique correspondante.

Elle fut surnommée « La Docte » déjà du temps de la colonisation espagnole, par l’importance accordée à l’éducation et le nombre d’Universités qui y furent construites (Córdoba en détient 7 en tout). L’Université Nationale de Córdoba, datant de 1612, fut la première du pays et la seconde du continent. Córdoba continue de mériter cette appellation puisqu’elle était, en 2005, la ville latino-américaine possédant le plus grand pourcentage d’étudiants universitaires par rapport à sa population totale : 12 % des habitants sont étudiants universitaires, une des proportions les plus élevées du monde ! La ville a été protagoniste de faits historiques importants, comme la Réforme Universitaire de 1918, puis un soulèvement étudiant et populaire, en 1969, appelé le « Cordobazo », qui mena à la chute du dictateur Juan Carlos Onganía, et à l’écroulement du régime militaire peu après.

Arrivés à Córdoba après un nième long et désagréable trajet en bus (nous sommes restés coincés dans le bus, l’A/C fonctionnant de façon intermittente, durant presque 3h au départ de Mendoza, pour des raisons variant selon le membre de l’équipage à qui nous nous adressions – « On charge des boissons pour le trajet » ou « On attend un deuxième chauffeur pour épauler le premier mais il arrive tout de suite » – pour finalement comprendre auprès d’un 3ème membre que le bus souffrait d’une pièce détériorée qu’il a fallu remplacer avant de partir. Il eût été plus transparent et correct d’annoncer la couleur tout de suite aux passagers, à mon humble avis, mais que voulez-vous, notre monde est ainsi fait qu’à l’heure d’annoncer de mauvaises nouvelles ou d’assumer une responsabilité, l’être humain tend généralement à « se faire caca dessus » !

Nous sommes donc dans le centre de Córdoba le 27/12/2013, il est environ 9h du matin et nous trouvons, après une marche d’une bonne demi-heure, une auberge bien placée, dans laquelle on nous propose un dortoir dans lequel nous « pourrions avoir un peu chaud », aux dires du réceptionniste ! 2 heures plus tard, en milieu de matinée, alors que nous tentions de dormir quelques heures avant de sortir pour visiter la ville, nous comprenons qu’au lieu « d’un peu chaud », la description adéquate aurait dû être « il va faire une chaleur insoutenable et vous allez souffrir, mais grave ! ». Encore un qui a eu un souci de transit intestinal au moment de nous accueillir ce matin ! Bon, pour sa défense, je sais en quoi consiste la vente d’un service quand on en connait ses défauts : on tente de les minimiser ou on insiste sur d’autres caractéristiques plus attrayantes ! En tout cas, malgré un changement de dortoir la deuxième nuit, on va en effet souffrir de la chaleur à Córdoba : la vague de chaleur qui sévit sur le centre de l’Argentine depuis plusieurs jours tend à se prolonger plus longtemps que prévu et à s’accentuer.

Le Lonely Planet décrit Córdoba, même si ça fait totalement cliché de guide touristique, comme un fascinant mélange d’ancien et de nouveau. La forte proportion d’étudiants et de jeunes confère à la ville  une dynamique culturelle contemporaine (de nombreux jeunes designers exposent par exemple tous les week-ends, leurs créations lors d‘un marché dédié, décrit comme l’un des meilleurs du pays) et une intense vie nocturne, tandis que l’héritage, datant des XVIIème et XVIIIème siècles, laissé par les Jésuites, ravira les passionnés d’histoire de l’art, et les amoureux de bâtiments religieux. Peu d’autres villes rassemblent sur un même trottoir, une série de bar-discothèques où les étudiants viennent régulièrement écouter des « DJ sets » d’électro-tango, et de majestueux couvents Jésuites datant du XVIIème.

Nous ratons malheureusement la vie nocturne de Córdoba (en dehors d’un sensuel cours de tango en plein air sur la Plaza San Martin) en grande partie à cause du calendrier – entre Noël et le jour de l’an, la programmation musicale et la vie nocturne est drastiquement réduite – mais la faible densité de population à cette période nous permet en revanche de visiter sereinement le quartier Jésuite, qui rassemble plusieurs intéressants édifices comme « l’Eglise de la Compagnie de Jésus », datant de 1645, d’intérieur baroque, « l’Université Nationale de Córdoba », créée par des frères Jésuites en 1622, et le « Collège National de Monserrat », fondé en 1687 dont la façade fut considérablement restaurée et modifiée en 1927. La Cathédrale de Córdoba, même si elle ne vaut pas celle de Córdoba, Espagne, vaut la peine d’y pénétrer quelques minutes : sa construction fut initiée en 1577 mais elle dura plus de 2 siècles sous la direction de plusieurs architectes, Jésuites et Franciscains, et manque pour cette raison d’unité architecturale, tout en restant une belle structure qui domine la Plaza San Martin. Nous visitons enfin « la Iglesia de Santa Teresa y Convento de Carmelitas Descalzas de San José », un couvent de religieuses carmélites, occupant la moitié d’un pâté de maison du centre-ville, et qui accueille toujours plusieurs dizaines de religieuses qui vivent ici cloitrées. Seule l’Eglise, sobre et sombre est ouverte au public. Nous manquons en revanche la visite du « Museo de la Memoria » (fermé entre Noël et Jour de l’an), qui présente pourtant ce qui semble être un vibrant témoignage des excès de la dictature militaire argentine. Nous imaginons qu’il doit se rapprocher du musée « Tuol Sleng », de Phnom Penh, rendant hommage aux victimes du génocide cambodgien causé par le régime « Khmers rouges ». En effet, ici aussi, ce musée est hébergé dans des locaux ayant servis de centre de détention et de torture, centre opéré par une division militaire secrète appelée D2 (Dreaded Department of Intelligence), dont la mission était de kidnapper et torturer les supposés opposants politiques de la dictature et la réassignation de leurs proches et enfants vers des familles politiques moins révolutionnaires.

La chaleur insupportable finit par avoir raison de nous et nous nous réfugions dans un restaurant à proximité d’une source d’A/C pour déjeuner et goûter à un plat local appelé « locro », une sorte de soupe épicée agrémentée de grains de maïs et de viande, pas mauvais, mais franchement pas du tout le genre de plat à choisir par une chaleur pareille.

Le lendemain, désespérément à la recherche d’une piscine, après avoir essuyé un cuisant échec à la piscine municipale de Córdoba (qui avait l’air franchement grande et chouette, en plus, m****), fermée pour cause de maintenance, nous atterrissons au dernier étage d’un hôtel ****, l’un des rares de la ville à offrir une piscine, après avoir payé le prix fort pour quelques heures à peine rafraichissantes, au bord d’une piscine (assez peu peuplée, au moins) franchement pas digne d’un hôtel supposé ****.

Le lendemain, nous restons volontairement toute la journée à l’auberge, tellement la chaleur est rude et patientons jusqu’au départ de notre bus de nuit en actualisant le blog, lisant le Lonely Planet pour appréhender au mieux notre prochaine étape, la capitale, Buenos Aires.

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