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Mendoza

Après Bariloche est ses fantastiques paysages de carte postale, nous continuons toujours plein Nord le long de la Cordillère des Andes, par la mythique route 40 que nous suivons depuis El Calafate, et arrivons le 23/12/2013 à Mendoza. Elle est la capitale de la province du même nom et le « Grand Mendoza », c’est-à-dire l’aire urbaine couverte par la ville et les départements voisins, forme la 4ème agglomération d’Argentine en population et en importance, faisant d’elle un centre universitaire et touristique important.

Mendoza fut fondée en 1561 et José de San Martín y mis sur pied l’armée qui lui permit de conquérir l’indépendance du Chili, entre 1817 et 1818. En 1861 un terrible tremblement de terre détruisit la ville et tua plus de 10 000 personnes. La cité fut rebâtie sur un site différent à quelque distance du lieu originel et c’est un Français qui fut chargé de définir la base urbanistique de la ville actuelle en 1863, incluant la disposition stratégique de différents lieux et places.

L’activité économique de la province est étroitement liée à l’industrie agro-alimentaire, les productions d’huile d’olive et de vin étant les 2 industries prépondérantes. Le « Grand Mendoza » est aujourd’hui la plus importante région productrice de vin en Amérique latine, Mendoza figure parmi les 9 grandes capitales du vin dans le monde et connait un œnotourisme en plein essor car elle est une base idéale pour visiter les nombreuses caves et lieux de productions alentour qui proposent des circuits de dégustation adaptables à tous les budgets.

Le 23/12, à notre arrivée, nous nous sommes installés dans l’auberge « Mora », recommandée par Nicola, l’italien avec qui nous venons de passer quelques jours d’anthologie à Bariloche, sa précédente étape étant justement Mendoza. Bon choix, l’auberge est agréable, avec un grand espace de vie et encore un patio intérieur à ciel ouvert très agréable. Depuis notre arrivée en Argentine, notre budget ne nous permet plus de choisir des chambres privatives et nous privilégions donc les dortoirs : moins d’intimité mais cela facilite les rencontres. Parfois nous arrivons à trouver de mini-dortoirs avec simplement 2 lits superposés, sinon, ce sont généralement des dortoirs de 6 à 8 personnes. A notre arrivée à l’auberge Mora, on nous propose un dortoir de 6 personnes inoccupé, qui le restera, par chance, jusqu’à notre départ. Le bon côté des choses, c’est que ces auberges offrent une quantité de services appréciable : Wi-Fi libre, généralement une salle de TV ou une salle de jeux, parfois une piscine, le petit-déjeuner est presque toujours inclus etc. Ils misent en fait bien plus sur des espaces communs agréables et de nombreux services inclus plutôt que sur l’intimité, quasi inexistante, ou le confort de la literie. De toute façon, nombre de clients dorment finalement assez peu la nuit, trop occupés à faire la fête, et profitent des heures mortes de la journée pour faire la sieste à l’ombre dans les lieux de vie communs, où ils accumulent du retard de sommeil au fur et à mesure que leur séjour s’allonge 😉

A propos de fête, aujourd’hui, 24/12/2013, c’est Noël, et nous nous sommes rajoutés à la liste des inscrits au repas de Noël, organisé en commun avec 4 autres auberges de jeunesses de Mendoza. Le soir venu, nous nous retrouvons donc avec environ 70 autres backpackers tous loin de leur famille (snif !) pour un Noël pas comme les autres pour nous, européens. Pour commencer, il fait plus de 30° y compris en soirée, le centre de l’Argentine traversant en ce moment une vague de chaleur anormale et plus rencontrée depuis plusieurs dizaine d’années. Ensuite, le repas est bien entendu un « asado » (BBQ) avec vin à volonté. Avec la chaleur qu’il fait, plusieurs d’entre nous ajoutent à cela, de la bière fraiche, et en fin de soirée, le staff a même prévu quelques bouteilles de champagne. Résultat : le quart-d‘heure de marche pour rentrer, vers 4 heures du matin, avec un petit groupe de voyageurs séjournant tous à l’auberge Mora, est bien utile pour souffler quelques minutes avant de nous coucher. A cette heure-là, la température commence à être acceptable !

Le lendemain, nous profitons du début de la journée pour faire une lessive bien nécessaire, puis nous décidons de sortir en fin de journée pour aller visiter le centre-ville de Mendoza, assez agréable. Composé de larges avenues et trottoirs, le plan urbain géométrique et aéré de la ville actuelle a visiblement été (re-)pensé récemment (cf. tremblement de terre à la fin du XIXème siècle). Le centre-ville est construit autour d’une grande place appelée Plaza Independencia, très arborée et composée de plusieurs fontaines, dans lesquelles les gamins viennent se rafraichir. A équidistance de chaque coin de cette place, on trouve 4 autres plus petites places, Plaza España, décorée avec de jolis « azulejos », Plaza Italia, Plaza Chile et enfin Plaza San Martin, au milieu de laquelle s’élève une majestueuse statue du général libérateur de l’Argentine.

Enfin le 26/12/2013, nous partons en bus avec quelques autres voyageurs rencontrés à l’auberge pour un circuit dégustation de vin à vélo. De nombreuses zones voisines de Mendoza offrent des circuits de dégustation de vin et de produits locaux (chocolat, liqueurs, huile d’olives). Les plus connues sont : Maipú, à seulement quelques km du centre-ville, ayant la réputation d’être très touristique, du genre « travail à la chaîne », sans charme particulier, mais très accessible, du point de vue géographique et budget ; une alternative est « Lujàn de Cuyo », domaine un peu plus éloigné, plus authentique aussi, avec de nombreuses vieilles caves souvent familiales; enfin, la « Valle de Uco », est un domaine plus récent, aux grosses fabriques industrielles produisant des vins issus de vignes d’altitude car l’altitude dans cette zone fleurte avec les 1500 mètres d’altitude, mais il est aussi nettement plus loin (150 km de Mendoza environ) et le seul moyen de s’y rendre est de louer un véhicule, rares sont les agences qui proposent des circuits dans ce domaine, qui revient cher par personne.

Nous nous dirigeons vers le domaine « Lujàn de Cuyo », où nous commençons par récupérer un vélo chacun et empruntons le trajet recommandé qui passe entre les vignobles pour rejoindre la première cave, familiale, du nom de son propriétaire, Carmelo Patti. C’est une cave qui ne produit que du vin rouge, essentiellement, Malbec, le cépage « roi » dans la région de Mendoza, qui semble particulièrement apprécier le fort ensoleillement et la forte chaleur en journée autant que les rafraichissantes températures nocturnes. Ici, le patron, âgé de plus de 70 ans, accueille admirablement les touristes et ne facture même pas la dégustation ! Il parle, en espagnol uniquement, avec passion, de son amour pour le raisin, et transmet de façon naturelle une partie de son savoir, comme la façon de vérifier si une bouteille est bouchonnée sans même l’ouvrir, puis la position idéale pour la conserver, ou encore la meilleure manière, selon lui, d’approfondir ses connaissances sur le vin tout en passant de bons moments : passionnant et touchant ! Sa cave produit moins de 50 000 bouteilles à l’année, ce qui est très faible mais il travaille presque tout seul. Il est donc extrêmement fier de nous présenter les quelques guides et clubs œnologiques (internationaux pour certains, un guide français, notamment) qui classent son vin dans leur TOP 10 ou TOP 5, alors qu’il ne dépense pas un sou dans la promotion ou la publicité : il estime qu’il doit sa popularité à « ce qu’il met » dans ses bouteilles et ses plus grandes satisfaction sont de recevoir des amoureux du vin ou des clubs de dégustation (certains viennent du monde entier) qui reviennent le voir régulièrement pour le féliciter et l’encourager à continuer à travailler avec authenticité et simplicité. A la question « Quel est votre cépage préféré ? », il répond que le Cabernet Sauvignon est, pour lui, « el Rey de los Tintos ! ».

Quelques coups de pédales plus loin, nous nous arrêtons dans une fabrique bien plus industrielle où nos goûtons plusieurs Torrontés et un Malbec et même si la dégustation est bien organisée, que le staff parle anglais pour le reste du groupe, nous apprécions finalement moins l’état d’esprit : en plus du coût de la dégustation, il faut rallonger entre le double et le triple pour pouvoir goûter aux bouteilles « en haut de l’étagère ».

Enfin, nous terminons par une autre cave spécialisée dans les vins organiques, qui produit des vins contenant moins de sulfites, émanant de vignes traitées avec un minimum de pesticides. C’est dans cette cave que nous décidons de déjeuner (de la viande, vous aviez deviné, bien sûr), avec un joyeux groupe qui s’est formé depuis le début de la journée et nous descendons tout de même 3 bouteilles de Malbec à 9 ou 10 personnes, plus la dégustation offerte par la maison après le repas. Autant vous dire que le retour à vélo à l’agence de location est des plus joyeuses balades à vélo que nous ayons faites !

Voilà donc un condensé de notre séjour à Mendoza, la ville où Dionysos est sans conteste célébré à toute heure du jour et de la nuit !