Miami

Avant de rentrer en Europe dans une semaine maintenant, voici la dernière étape de notre voyage : la ville de Miami, en Floride. Ce n’est pas que nous ayons particulièrement rêvé toute notre vie d’aller visiter la Floride, mais il se trouve qu’au moment d’acheter nos billets d’avion, presque un an en arrière, Travel Nation, l’agence de voyage anglaise à laquelle nous avons fait confiance pour nos billets d’avion, nous a proposé, gratuitement, une escale « extensible », sur notre dernier vol, à Miami. Puisque le temps n’est pas une contrainte quand on décide de partir pour plusieurs mois, et parce que ni Magda ni moi ne connaissions la Floride, pourquoi donc ne pas se faire une dernière pause au soleil, en bord de mer au mois de janvier ?

C’est ainsi que nous avions cherché et réservé avant notre départ de France, une semaine à prix réduit dans un splendide hôtel à Weston, au Nord-Ouest de Miami, grâce à l’adhésion de ma chère grand-mère au plus grand réseau de vacances en temps partagé au monde.

Après un atterrissage à l’aéroport International de Miami le 23/01/2014 en fin d’après-midi, nous hésitons à rejoindre l’hôtel Mizner Place, au centre-ville de Weston, dès ce soir, puisque notre réservation n’est valable qu’à partir de demain. Mais l’inconfort des bancs de l’aéroport puis les vigiles de sécurité qui rodent régulièrement dans les couloirs nous poussent finalement à quitter les lieux, nous obligeant à une arrivée en milieu de nuit à l’hôtel, avec une réservation valable seulement le lendemain. Coup de chance, le personnel est en majorité hispanophone, et le fait que nous arrivions, backpacks sur le dos après 8 mois de vadrouille, ce qui est certainement une originalité par rapport aux touristes fréquentant habituellement ce genre d’établissement, semble attendrir les agents du « Welcome Desk », qui nous rendent un grand service en acceptant de nous laisser intégrer nos quartiers avec une nuit d’avance !

Les premiers jours de cette dernière semaine sont reposants : nous alternons entre la piscine de l’hôtel, des repas à rallonge sur le balcon ensoleillé de notre « immense » suite (je ne plaisante pas, c’était presque aussi grand que notre appartement lyonnais), et une cure de sommeil bien méritée dans un lit « King Size » comme nous n’en avions plus vu depuis plusieurs mois.

Bon, après deux ou trois jours, on a suffisamment dormi, on a testé toutes les chaises longues au bord de la piscine, et l’important écart d’âge avec le reste des occupants de l’hôtel ainsi que les soporifiques activités proposées nous encouragent à ne pas rester à lézarder plus longtemps au bord de l’eau. Alors, « time for a change », nous louons une voiture pour les 5 derniers jours afin de découvrir un peu les alentours.

Bien sûr, nous découvrons Miami Beach, la carte postale de Miami : une station balnéaire construite au début des années 1930, le long d’une immense plage de sable, pour le tourisme de luxe. Autrefois peuplée par des Amérindiens Tequesta, la langue de terre jadis marécageuse et inhospitalière où se dresse maintenant Miami Beach accueille aujourd’hui près de 100 000 habitants dont 55% sont nés à l’étranger, une immense majorité venant d’Amérique Latine. Ce n’est pas compliqué, nous avons eu la sensation d’écouter plus d’espagnol que d’anglais durant toute la semaine (la bande FM semble être saturée par les émissions pour hispanophones), et nombreux sont les endroits (stations service, restaurants) où les clients sont accueillis en espagnol, ce qui a le dont d’irriter une partie de la population locale !  On a souvent tendance à croire que Miami Beach est un quartier de la ville de Miami, alors qu’il s’agit bien (depuis 1915) de deux municipalités distinctes. Le sud de Miami Beach (South Beach ou So-Be) correspond à l’Art déco District, qui concentre toute l’animation branchée avec ses bars, ses demeures Art déco (dont celle de la famille Versace), les belles limousines, les « excentriques sportifs » en bord de plage et les jolies filles. C’est évidemment l’attraction principale de Miami, un quartier incontournable qui ravira surtout les amateurs d’ambiances « bling-bling » et « tape-à-l’œil ». Mais ne crachons pas dans la soupe, la couleur de l’eau est très belle, la plage peu bondée (en tout le cas le jour de notre balade), la chaleur et la luminosité en fin de journée très appréciables. Nous nous amusons de la taille des villas, des yachts, des voitures et même des pizzas que vous pouvez même vous faire livrer sur la plage ! Malgré les forts contrastes que nous avons pu vivre durant ces derniers mois, cette opulence ne génère pas chez nous un effet de dégoût ou de rejet (ce qui était un risque possible), mais peut-être une distance un peu plus grande. C’est plutôt bon signe : ce voyage nous aura rempli de bonheur et nous aura beaucoup apporté sans pour autant nous transformer complètement.

Une autre destination « phare » en Floride : les « Keys » (de l’espagnol cayo) sont un archipel d’un millier d’îlots de corail, situé à l’extrême sud de la Floride, que l’on survole en voiture sur une route panoramique étonnante conduisant de Key Largo à Key West, sur 110 miles et 42 ponts ! Exception faite des îles sablonneuses situées à l’extrémité nord de l’archipel, les Keys constituent les derniers vestiges de vastes récifs qui commencèrent à se former ici, il y a de 10 à 15 millions d’années, alors qu’une mer peu profonde submergeait la région. Malgré la pression touristique, les Keys demeurent un véritable trésor écologique marin où l’on peut admirer coraux, herbiers, oiseaux et poissons. Au bout de la route, à 150 miles de Miami se trouve le légendaire Key West, longtemps habité par Hemingway et aujourd’hui repère de l’Amérique alternative, des écrivains, des artistes et de la communauté homosexuelle. A cet endroit, La Havane, sur l’île de Cuba, n’est plus qu’à 145 km plein Sud. La route est en effet fantastique car elle est construite sur l’océan, mais nous n’avons pas eu le courage d’aller jusqu’à Key West, malgré un départ tôt de notre hôtel. Nous avons préféré passer la mi-journée, en choisissant, par chance, le moment le plus ensoleillé, dans la réserve naturelle de Bahia Honda, quelques 30 miles avant Key West, dont les plages (Loggerhead, Calusa et Sandspur) sont habituellement citées comme les plus belles des Keys. Sur fond de sable blanc, l’eau est si peu profonde à Loggerhead Beach qu’il vous faudra marcher plusieurs centaines de mètres vers le large avant même de mouiller votre maillot de bain! En milieu d’après-midi, après avoir suffisamment barboté, nous revenons quelques kilomètres en arrière et nous arrêtons pour déjeuner en terrasse : au menu, salade césar accompagnée de beignets de calamars et panier de crevettes !

Le 30/01/2014, c’est notre avant-dernier jour de voyage et nous ne pouvons pas quitter la Floride sans aller faire un tour dans les Everglades, cette zone humide subtropicale du Sud de la Floride, définie par le Fonds mondial pour la Nature (WWF), constituée de prairies et savanes inondables. Les Amérindiens Calusa furent les premiers habitants de ces marais subtropicaux qu’ils baptisèrent Pa-hay-okee ou « eaux herbeuses ». Ils vécurent sur la côte plus de 2 000 ans et ne disparurent du sud de la Floride qu’au XVIème siècle avec l’arrivée des colons espagnols. Les Everglades couvrent une superficie de plus de 15 000 km² dont 25% environ sont protégés par le parc national des Everglades, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979 et visité par environ 1 million de personnes par an. Contrairement à la plupart des autres parcs nationaux des États-Unis, celui des Everglades a plus été créé pour protéger un écosystème fragile que pour des raisons géographiques. Plus de 350 espèces d’oiseaux, environ 300 espèces de poissons d’eau douce ou salée, 40 espèces de mammifères et 50 espèces de reptiles vivent dans le parc cet 36 espèces sont considérées comme très menacées, dont la panthère de Floride, le crocodile américain et le lamantin des Caraïbes. L’activité touristique la plus répandue reste la promenade en hydroglisseur sur les étendues marécageuses au milieu des roseaux et marisques, ce que nous faisons dans une partie du parc national assez proche de Weston. Le faible ensoleillement et une température relativement fraiche en cette journée n’invitent pas beaucoup d’alligators à remonter en surface mais nous aurons tout de même la chance d’en apercevoir deux ou trois spécimens dans leur habitat naturel. Nous terminons la visite par quelques échanges avec le personnel du parc nous permettant d’en apprendre un peu plus sur ces puissants reptiles, dont le nombre avoisinerait vraisemblablement le million de spécimens recensés en Floride, pour 19 millions d’habitants. Bien que les alligators soient souvent confondus avec les crocodiles, ils appartiennent à deux familles bien distinctes : la famille des Crocodilidés pour les crocodiles et celle des Alligatoridés pour les alligators. Quelques détails physiques permettent de les différencier. La forme de leur museau est très révélatrice. L’alligator a une tête plus large, plus courte et un museau arrondi. Supportant mal le sel, les alligators préfèrent nettement l’eau douce, tandis que les crocodiles peuvent tolérer l’eau salée, possédant des glandes spécialisées dans la filtration du sel. La Floride du Sud est le seul endroit où coexistent alligators et crocodiles. Même si ces reptiles ont souvent mauvaise réputation, moins de 300 cas de morsures graves ou mortelles par des alligators américains sont recensés en Floride depuis le milieu du XXème siècle. Mais il faut bien reconnaître qu’en cas de rencontre malheureuse, l’être humain a bien peu d’alternatives en dehors de prendre ses jambes à son cou, tant ces « bêbêtes » semblent avoir pensé à tout. Leur planter les doigts dans les yeux ? Ils ne ressentent aucune douleur. Maintenir leur mâchoire ouverte ? Vous n’aurez jamais autant de puissance que la mâchoire de ces prédateurs-là. Les attraper par la queue ? No way. La queue est une arme puissante capable de vous briser les os. Fuir ? Dans l’eau, aucune chance. Ils peuvent nager jusqu’à 30km/h. À pied ? C’est probablement votre seule chance : même si ces reptiles peuvent courir étonnamment vite (jusqu’à 18km/h), ils ne peuvent le faire que sur de courtes distances car leur masse musculaire, représentant 70% de leur masse corporelle (contre 28 à 35% chez l’être humain), requiert une énergie considérable. Pour éviter la morsure, il faut donc non seulement démarrer vite mais avoir en plus un peu d’endurance ! Alors mieux vaut gardez une certaine distance avec leur habitat préféré !

Demain, c’est le dernier jour de cette épique aventure autour du monde : notre vol de retour pour Londres quittera Miami en début de soirée, pour atterrir, le 01/02/2014 en matinée, sur le sol anglais, où nous passerons une dernière journée de transition avant d’emprunter le 02/02/2014, notre tout dernier vol, afin de rejoindre notre bonne vieille ville gastronomique de Lyon, après 249 jours de voyage.

New York City

On est le 29/09/2013, cela fait exactement 4 mois que nous voyageons, et nous entrons dans la seconde moitié de notre périple sans aucune lassitude.

Nous traversons les Etats-Unis de nuit par un vol American Airlines au départ de Los Angeles, se posant, le 30/09/2013, tôt dans la matinée, à l’aéroport JFK, à New York.

Concentré de tous les superlatifs, NYC est peut-être la ville la plus connue au monde. Cette mégapole tentaculaire hérissée de gratte-ciel compte 8,3 Millions d’habitants, détenant ainsi le titre de la ville la plus peuplée des États-unis. Poste de commandement de l’économie mondiale et bouillon de culture historique du nouveau monde, New York a été pendant longtemps la porte d’entrée du rêve américain pour bien des immigrants. Elle exerce un impact significatif sur le commerce mondial, la finance, les médias, l’art, la mode, la recherche, la technologie, l’éducation et le divertissement. Elle fait partie des villes les plus cosmopolites au monde, accueillant quelque 50 millions de visiteurs annuels.

Après la photo de bienvenue à Big Apple et un – très mauvais – café Latte à l’aéroport, nous rejoignons le 306 Gold Sreet, situé à Brooklyn Heights, notre adresse pour les 5 prochains jours. Contacté préalablement par AirBnB, James, 24 ans, américain d’origine taïwanaise, n’est pas chez lui ce matin mais il a laissé les clés au concierge pour que nous puissions déposer nos affaires dès notre arrivée. Son appartement est au 15ème étage d’un luxueux et flambant neuf « condominium » offrant une agréable vue sur Manhattan, la décoration est épurée, très peu de meubles, écran plat au mur, cuisine « américaine » (bien entendu) : un splendide appartement d’une soixantaine de mètres carrés duquel nous allons occuper le confortable canapé du salon.

Il est encore tôt et nous décidons de nous reposer 2h pour tenter de réduire le déficit d’heures de sommeil que nous accumulons. Dans l’après-midi, premiers contacts avec la jungle New-Yorkaise, nous partons à pied en direction de Lower Manhattan, traversons East River au niveau du Manhattan Bridge qui débouche en plein Chinatown, la plus forte concentration de population chinoise des Amériques. Ils sont bons ces chinois : même dans les villes les plus chères et les plus prisées, ils arrivent à s’octroyer un bon espace en plein centre-ville et y constituent une communauté bien organisée : commerces, restaurants, écoles, une parfaite petite ville dans la ville. « Chinatown » porte vraiment bien son nom à NYC. En fin d’après-midi, nous nous arrêtons dans un café situé presque sous le Brooklyn Bridge, l’un des plus anciens ponts suspendus des États-Unis, mesurant près de 2 km, ouvert à la circulation en 1883, après 14 ans de travaux. Confortablement installés au bar, on se laisse tous les deux tenter par une Margarita surchargée en téquila qui nous assomme complètement et nous convainc de rentrer chez notre hôte un peu plus vite que prévu.

Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil méritée et une grasse matinée un peu inévitable, nous repartons sur Manhattan avec un programme chargé. « The Metropolitan Museum of Art » pour commencer, dont le billet adulte est annoncé à 25 USD dans tous les guides touristiques et affiché comme tel aux guichets d’entrée. Ce qui n’est écrit nulle part et qui nous a été révélé le soir précédent par James, c’est que cette somme est une « proposition de don », absolument pas un tarif fixe. C’est aussi en cela que les communautés du type AirBnB et autres Couchsurfing ont une valeur inestimable lors de voyages « au long cours » comme le nôtre : les échanges avec les hôtes permettent de recueillir d’innombrables informations de grand intérêt avant même de commencer à visiter : les musées immanquables, les restaurants de bon rapport qualité-prix fréquentés par les locaux, les escroqueries etc. Bref, nous passons finalement presque tout l’après-midi entre les collections dédiées aux antiquités grecques, étrusques et romaines puis les galeries d’art moderne dont la collection de peintures européennes est mondialement connue et finalement un peu décevante. Bon, sur ce sujet, je ne peux prétendre à aucune expertise mais si ma tendre et chère le dit, c’est que ça doit être vrai ! Quelques cadres de Van Gogh, de Gauguin et de Seurat retiennent notre attention pour le courant impressionniste mais cela manque d’œuvres espagnoles et italiennes au goût de ma chérie.

En sortant du musée, nous pénétrons dans Central Park, véritable oasis de verdure au cœur de NYC, qui surprend par sa taille : un rectangle parfait de 4km de long sur 800m. de large. Tous les jours de la semaine, et surtout le dimanche, les New-Yorkais envahissent le parc afin d’échapper au tumulte de la ville. Il faut dire qu’au-delà de ses pelouses vertes et de ses sous-bois rafraîchissants, Central Park offre bien des attraits : plans d’eau, pistes de roller, courts de tennis, concerts en plein air, zoo, aires de jeux pour enfants et surtout d’innombrables espaces aménagés pour pratiquer le sport favori des américains : le baseball. A certains endroits, on a peine à croire être au centre de l’une des plus grandes villes du monde : les buttes verdoyantes et les plans d’eaux confèrent à Central Park un aspect particulièrement bucolique. Le parc compte plus de 50 statues en bronze, que l’on rencontre au détour de chemins : « Alice au Pays des Merveilles » occupe par exemple une place privilégiée au bord d’un plan d’eau. A l’instar de Venice Beach en Californie, Central Park est aussi l’endroit où il faut absolument se montrer. Il n’est pas rare que des attroupements se forment autour d’artistes improvisés, pour un show de Hip-Hop, une démonstration de force ou d’adresse ou quelques tours de magie, ce qui reste pour certains l’unique moyen de gagner une bonne poignée de dollars !

Nous sortons finalement au Sud-Est du parc qui débouche sur Fifth Avenue, la colonne vertébrale de Manhattan. La Cinquième Avenue est à Manhattan ce que la rue d’Oxford Street est à Londres ou les Champs Élysées à Paris, soit l’une des avenues les plus connues et chères au monde, abritant d’innombrables magasins de luxe (Tiffany & Co, Dior, Saks) ainsi que les plus importants musées de la ville tels le Metropolitan Museum of Art ou le Guggenheim.

La faim commençant à se faire sentir, nous craquons pour une part de Pizza et une grosse glace, à des adresses recommandées précédemment par James. A New-York, tout nous semble évidemment hors de prix sauf peut-être le coût de la nourriture: c’est incroyable le nombre de « Food Trucks » et d’options pour manger économique dans la rue. Notre hôte semble connaître tous les bons plans de Manhattan dans ce domaine, ce qui nous fait bien rire avec Magda car 3/4 de ses conseils portent sur des plats ou des desserts que « nous ne devons absolument pas manquer » avant notre départ et nous n’aurons jamais assez de temps, ni assez faim, pour passer à toutes les adresses qu’il a partagées avec nous.

Notre programme de la journée s’achève à Times Square, le cœur vivant de New York. Situé au croisement de Broadway et de la 7ème avenue, Times Square est un quartier en constante effervescence, à toute heure du jour et de la nuit, qui illustre sans doute le mieux le surnom de New York, « La ville qui ne dort jamais » : les très nombreux théâtres, salles de concert, cinémas, bars branchés et discothèques en ont fait une des icônes de New York, et un symbole de l’urbanisme de Manhattan. Toute la démesure américaine est ici mise en évidence par des néons et des écrans gigantesques, comme le panneau publicitaire du NASDAQ MarketSite, un écran LED de près de 40m. de haut.

A notre retour à l’appartement, James nous propose de monter au 41ème étage de son immeuble d’où la vue sur Manhattan est tout simplement magique, vue que nous photographions de nuit ce soir-là, puis de jour, le lendemain matin.

Le lendemain matin justement, retour sur Lower Manhattan direction la célèbre Wall Street, une rue dont le nom désigne finalement tout un quartier qui abrite bien sûr la bourse de New-York, le NY Stock Exchange, l’un des centres de finance les plus influents au monde, épicentre de la crise financière des « subprimes », révélée mi 2007 et entraînant ensuite une récession touchant l’ensemble de la planète. C’est là aussi que se trouve le Federal Hall, haut-lieu de l’histoire américaine, témoin du 1er congrès américain le 4 Mars 1789, date historique au cours de laquelle les premiers membres du congrès votèrent la constitution américaine et dépouillèrent les bulletins de votes portant Georges Washington au poste de 1er Président des Etats-Unis d’Amérique, dont la statue trône fièrement devant le bâtiment.

Après une courte ballade dans le quartier, nous descendons jusqu’à la pointe Sud de Manhattan et arrivons dans Battery Park d’où partent la majorité des bateaux touristiques pour Ellis et Liberty Island. Malheureusement pour nous, mais ce n’est pas une surprise, l’arrêt des activités gouvernementales fédérales (manœuvre de « shutdown ») est en vigueur depuis hier, le 1er octobre 2013, faute d’entente au sein du Congrès sur les fonds à allouer pour couvrir les dépenses gouvernementales de l’année fiscale à venir, l’une des innombrables conséquences étant la fermeture de l’ensemble des Parcs et Monuments Nationaux : impossible dans cette situation d’accoster sur Ellis Island ou Liberty Island. En contrepartie, l’une des compagnies qui opère habituellement les trajets entre Battery Park et ces 2 îles au sud de Manhattan, ont changé un peu l’itinéraire et continuent d’opérer des croisières un peu plus longues et variées sans du coup pouvoir déposer de touristes sur les îles. Une bonne occasion de découvrir Lower Manhattan sous toutes ses coutures : depuis l’Hudson River d’abord, puis depuis East River après être passé à proximité de la Statue de la Liberté tout de même. Cette « grande dame », construite en France et offerte aux États-Unis par le peuple français, en signe d’amitié entre les deux nations, pour célébrer le centenaire de la déclaration d’indépendance américaine, fut inaugurée en octobre 1886. A partir de cette date et pendant de nombreuses années, elle a été la première vision des États-Unis pour des millions d’immigrants, après une longue traversée de l’océan Atlantique. Elle est assez vite devenue l’un des symboles des États-Unis et représente de manière plus générale la liberté et l’émancipation vis-à-vis de l’oppression.

Après un rapide déjeuné dans Battery Park, nous nous dirigeons en milieu d’après-midi vers le Mémorial national du 11 Septembre, terminé et ouvert au public le 11 septembre 2011, le jour du dixième anniversaire de la tragédie. Son rôle est bien sûr de rendre hommage à toutes les victimes et tous les héros des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center, le Pentagone et Shanksville, un champ désert à l’ouest de la Pennsylvanie, dans lequel s’est finalement écrasé le vol 93 suite à une contre-offensive des passagers du vol, qui avaient pris connaissance des autres attaques. Par la même occasion, ce récent monument sert également de nouveau mémorial pour l’attentat de 1993 contre le complexe, le précédent ayant été détruit lors de l’effondrement des Twin Towers. Pour rappel, le 26 septembre 1993, plusieurs terroristes islamistes ont détoné des explosifs dans le parking situé sous le WTC, ôtant la vie à 6 personnes et en blessant des milliers. Les attaques du 11 septembre 2001 ont, quant à elles, coûté la vie à 2977 personnes originaires de plus de 90 pays. La plus âgée avait 85 ans, la plus jeune avait 2 ans. Plus de 400 personnes faisaient partie des équipes de premiers secours et ont péri dans l’exercice de leur fonction.

Le WTC était un complexe commercial d’une superficie de plus de 64 000 mètres carrés comprenant 7 immeubles, une grande esplanade et un centre commercial souterrain. Les Tours Jumelles, les plus hautes de la ville à l’époque (414 m de haut), constituaient le cœur du complexe et disposaient chacune de 110 étages, offrant plus de 900 000 mètres carrés de bureaux pour près de 35 000 personnes et 430 entreprises. Lors du 11 septembre 2001, le complexe, qui disposait même de son propre code postal (10048), a été intégralement détruit.

Le Mémorial est localisé à l’endroit même où se trouvaient précédemment les deux Tours Jumelles et consiste en un parc entourant deux profonds bassins carrés, situés dans les empreintes même des deux tours détruites, alimentés par des chutes d’eau s’écoulant le long des bords internes puis dans un second vide situé au centre des bassins. Les noms des presque 3000 victimes sont inscrits sur des parapets en bronze entourant les 2 bassins, leur agencement reflétant les différents lieux où se trouvaient les victimes le jour des attentats ainsi que les relations qu’elles partageaient avec ceux qui périrent ce jour-là. Les familles des victimes ont été impliquées et écoutées pour l’agencement et la présentation des noms sur les bassins.

Le projet retenu a été sélectionné à la suite d’un concours international ayant reçu plus de 5200 propositions issues de 63 pays. Parce que l’ensemble du site n’est pas encore achevé, l’accès est encore très contrôlé pendant la reconstruction. La tour « 1 World Trade Center », construite juste derrière le bassin nord, est presque achevée, elle mesure 541 m. de haut et constituera la plus haute tour des États-Unis, le Musée du Mémorial ouvrira quant à lui ses portes en 2014.

Tous les arbres du site sont des chênes blancs à l’exception d’un, un poirier connu sous le nom de « Survivor Tree ». Cet arbre, qui avait été planté dans les années 1970 sur l’esplanade du WTC, fut retrouvé abimé, réduit en une souche de 2m. de haut dans les décombres de Ground Zero. Il a d’abord été remis sur pied dans un parc de NYC puis à nouveau terrassé par plusieurs orages violents en mars 2010. Mais, fidèle à son non, il survécut. Réintégré au site du WTC en décembre 2010, il incarne aujourd’hui survie et résilience si chères à l’histoire du 11 septembre.

Une centaine de volontaires se relaient de sorte qu’une dizaine d’entre eux soit présente en permanence aux heures d’ouverture du Mémorial, principalement pour répondre aux questions des visiteurs et partager leur expérience. Prendre quelques minutes pour échanger avec certains d’entre eux nous a paru nécessaire, ce sont souvent des victimes « collatérales », ayant perdu un ou plusieurs proches » ou bien des gens particulièrement touchés par la violence des attaques (issues de familles de policiers, pompiers, médecins urgentistes etc.)

Même si Magda et moi regrettons le caractère « touristique » du lieu, nous faisant réfléchir sur le fait de le visiter ou pas et sur l’attitude à adopter, le devoir de mémoire reste indispensable, bien que probablement personne n’ignore ce qui s’est passé en ce 11 septembre 2001. A ce sujet, vous noterez probablement comme nous que chacun de nous est capable de se souvenir de ce qu’il faisait et où il était en ce jour tragique.

Enfin, à terme, le lieu sera complètement ouvert de tous les côtés et libre d’accès, le transformant en un parc calme en plein centre de Lower Manhattan, couvert par les arbres, en dehors des empreintes des 2 tours, et dans lequel les gens viendront probablement se recueillir de façon plus sereine.

Le lendemain, c’est notre 4ème jour à New York et une grosse surprise m’attend : Guillaume, un de mes plus vieux amis de Meudon a fait le trajet de nuit depuis Montréal, où il vit depuis quelques années et nous rejoint à Times Square vers 10h du matin, après une organisation minutieuse avec Magda, qui s’était bien gardée de me mettre au parfum. Cela fait plus de 2 ans que nous ne nous sommes pas vus et je suis comme un dingue quand je tombe sur lui en plein carrefour de Times Square. Nous passons donc la journée à fêter les retrouvailles, en passant d’une brasserie à une autre pendant une bonne partie de la journée et en traversant les quartiers dans lesquels nous n’avions pas encore mis les pieds : Soho, Little Italy, et le quartier autour de Perry Street, la rue dans laquelle est supposée vivre Carrie Bradshaw, l’héroïne de la série TV « Sex and the City », qui joue le rôle d’une journaliste trentenaire, indépendante, dévouées à ses amies, viscéralement attachée à la ville de NYC et plus douée pour analyser les relations sociales et amoureuses de ses contemporains que pour faire durer les siennes. Toutes les femmes nées dans les années 1980 la connaissent et beaucoup l’adorent, Magda n’échappe pas à la règle !

En fin d’après-midi, nous nous retrouvons devant le MoMA, qui ouvre gratuitement ses portes aux visiteurs le vendredi de 16h à 20h, l’occasion d’aller admirer quelques cadres de Van Gogh, de Picasso (les Demoiselles d’Avignon, par exemple) qui ont atterri ici, et bien sûr, bon nombre d’œuvres contemporaines du courant Pop Art que nous devons à l’illustre Andy Warhol.

Enfin, nous dînons dans un excellent restaurant thaïlandais, toujours en compagnie de Guillaume, ainsi que Keil, l’un des neveux de mon oncle Steve, et sa compagne Bec, qui vivent tous les 2 à Brooklyn et qui nous ont rejoint à une adresse recommandée, bien sûr, par James, notre hôte, pour notre dernier dîner à New York : un très bon moment au cours duquel nous refaisons le monde, partageons nos expériences de voyage et évoquons largement la situation politique du moment au États-Unis.

Ainsi s’achève notre circuit américain, 40 jours après être rentré aux États-Unis au niveau de Seattle!

Grand Canyon du Colorado

Après nos aventures à Las Vegas, c’est maintenant un lieu nettement plus naturel qui nous attend : le Grand Canyon du Colorado. Nous atteignons la ville de Tusayan, à quelques miles de l’entrée du Parc national du Grand Canyon, le 22/09/2013 en tout début de soirée.

Pas nécessaire d’aller jusqu’à Grand Canyon Village ce soir, nous avons repéré un camping et une pizzeria qui feront très bien l’affaire pour cette première nuit : une bonne douche au camping, une grosse pizza puis un gros dodo.

Le Grand Canyon du Colorado est sans aucun doute le parc national le plus connu et le plus extraordinaire des USA. C’est en tout cas le plus visité de l’Ouest américain avec plus de 4 millions de visiteurs chaque année.

C’est le fleuve Colorado qui a creusé, depuis des millions d’années, ce fabuleux Canyon dont la date de début de formation fait débat: selon une étude américaine publiée fin 2012, le Grand Canyon du Colorado daterait de plus de 70 millions d’années, ce qui a bouleversé la théorie la plus communément admise qui fait remonter la naissance du célèbre canyon à cinq ou six millions d’années.

Le lieu est un véritable livre à ciel ouvert pour les géologues, chaque strate rocheuse visible sur les flancs du Grand Canyon représentant une période géologique bien précise. Celles qui sont situées tout au fond du Canyon se seraient formées il y a plus de 2 milliards d’années.

Le Parc figure au patrimoine mondial de l’UNESCO et les dimensions du Grand Canyon sont absolument colossales: 450 km de long entre le lac Mead (à l’Ouest) et le lac Powell (à l’Est), une largeur variant de 5,5 à 30 kilomètres et une profondeur oscillant de 1300 à 2000 mètres.

C’est la rive sud (« South Rim ») qui est la plus visitée car nettement plus aménagée que la rive nord et surtout accessible toute l’année.

Le lendemain de notre arrivée, après avoir pénétré dans l’enceinte du Parc National, nous décidons pour cette première journée d’utiliser le système de navettes gratuites et interconnectées qui permet de s’arrêter en d’innombrables points de vue, tous plus magnifiques les uns que les autres. Nous empruntons donc la navette rouge qui suit la Hermits Road jusqu’à son terminus à l’Ouest « Hermits Rest » puis de faire le trajet inverse en marchant. Cela semble une excellente manière d’avoir un premier aperçu du Canyon en étant en retrait des foules massées aux points de vue. En effet, relativement peu de personnes prennent la peine de longer le South Rim entre les points de vue (Pima Point, Monument Creek Vista, Powell Point, Maricopa Point etc.) desservis par la navette alors que le trajet est vraiment agréable, souvent à l’ombre et distillant des vues vertigineuses à couper le souffle. Il est possible à tout moment de reprendre la navette à l’un des points de vue mais le spectacle est tellement beau que nous réalisons finalement l’intégralité du trajet jusqu’au Grand Canyon Visitor Center (le parking principal) à pied: une promenade de 17 km vraiment fantastique et sans difficulté car sans dénivelée.

Compte-tenu de la température à Las Vegas, nous nous attendions vraiment au pire dans le Grand Canyon, qui nous réservait en fait une bonne surprise: l’altitude fait que la chaleur est tout à fait supportable dans la journée et les nuits sont même rafraichissantes. Et visiter le Grand Canyon à la fin du mois de septembre semble vraiment une bonne option: l’endroit reste fréquenté mais la taille du parc et les aménagements du South Rim permettent de se promener sans jamais avoir la sensation d’être les uns sur les autres.

Le jour suivant, Magda suggère que nous descendions nous promener dans le Canyon et nous empruntons cette fois le sentier « Bright Angel Trail », une ballade qui permet de descendre jusqu’au Colorado si vous prenez le matériel pour dormir dans le Canyon. L’Aller-Retour en une seule journée depuis le haut jusqu’au Colorado étant déconseillé par les autorités du Parc National, nous descendons donc jusqu’à « Plateau Point » (900 m. sous le niveau de la rive sud) qui offre un point de vue incroyable à 360° depuis l’intérieur du Canyon et une vue imprenable sur le Colorado, encore 400 m. en contrebas, tout en permettant de remonter dans la même journée.

L’Aller-Retour fait pratiquement 20 km et la ballade est un régal du début à la fin. Elle offre à la fois des contrastes de couleurs : du jaune au marron en passant par tous les tons intermédiaires de beige, orange, ocre, et rouge, et des contrastes de paysages : les premiers (et dernier) kilomètres se composant d’un très raide sentier qui descend en virages en épingles à cheveux entre les strates rocheuses du Canyon, le milieu de la ballade offrant, quant à lui, d’abord une zone étrangement fertile, appelée « Indian Garden », en hommage aux nombreuses tribus d’indiens qui autrefois occupèrent cette zone de l’Ouest américain (Apache, Hualapai, Hopi, Mohave et Navajo), peuplée d‘arbres, et aménagée de plusieurs points d’eau, d’une aire de piquenique et même d’un petit espace de camping, puis un espace totalement aride et désertique où les cactus règnent en maitres et dans lequel il n’est plus possible de trouver un seul point d’ombre, avant d’arriver enfin sur « Plateau Point », le plateau rocheux situé verticalement au-dessus du Colorado et qui signe la fin de la descente.

Le 3ème et dernier jour, nous réutilisons à nouveau le système de navette, qui, BTW, fonctionne vraiment bien et limite formidablement le nombre de véhicules privés circulant sur le South Rim, pour aller cette fois sur la « Kaibab/Rim Route » qui emprunte pour quelques miles la Desert View Drive vers  l’Est, offre plusieurs points de vue (Mather Point, Pipe Creek Vista, Yaki Point) dont certains sont des lieux d’observation de rapaces (condors et aigles) et permet d’accéder au point de départ du South Kaibab Trailhead, une autre ballade qui descend jusqu’au fleuve Colorado.

Nous repartons du Grand Canyon un peu tard dans la journée et reprenons la direction du campus universitaire de Los Angeles pour retrouver mes 2 cousins Erik et Hugo, qui viennent de reprendre les cours. Un week-end reposant pour rédiger et publier nos aventures, aller faire un tour avec Erik à Santa Monica : Muscle Beach puis Third Street Promenade, et (re)partager quelques instants de vie étudiante à UCLA. C’est le dernier jour de nos aventures dans l’Ouest américain, ce soir, nous commençons à nous rapprocher de l’Europe en volant vers la Côte Est pour 5 jours de visite à NYC !

@Erik and his « roomies »: Thanks guys for “sending” Forrest abroad and allowing us to use his bed for those 2 days 😉
Next time you, Erik & Hugo, come to Montreux, let’s try to work out something together in Lyon or in the Alps.

Las Vegas

Le 19 septembre 2013 en début de soirée, après avoir laissé derrière nous la Californie, nous entrons dans Las Vegas, au Nevada, accompagnés par le son électro-funk de Random Access Memory, le dernier opus des immenses stars de la « French Touch », les Daft Punk !

En quelques minutes de voiture, on a déjà parcouru le Strip en entier et on est passé devant presque tous les hôtels qui ont fait la renommée de Las Vegas, la ville de toutes les tentations.

On est jeudi soir, et à voir l’excitation générale autour de nous, on dirait que de nombreux groupes de jeunes viennent d’atterrir à Las Vegas et affluent tous en même temps vers Las Vegas Bvd, bien décidés à faire la fête et à dépenser sans compter durant tout le week-end.

Dans la plupart des villes touristiques, les hôtels sont situés à proximité des attractions les plus visitées. A Las Vegas, les hôtels sont les attractions. Ils sont tous plus immenses et excentriques les uns que les autres et souvent à thème : le Paris Las Vegas permet donc de retrouver une ambiance très parisienne en plein milieu du désert du Nevada, avec ses reproductions de la Tour Eiffel et de l’Arc de Triomphe, le Caesars Palace s’inspire de la Rome antique, le Luxor de l’Egypte antique avec ses reproductions de la Pyramide de Khéops et du Sphinx de Gizeh etc. On retrouve dans chacun de ces immenses complexes, des prestations communes : ils offrent presque systématiquement entre 3000 et 4000 chambres, une bonne dizaine de restaurants, un immense casino avec plusieurs centaines de tables et plusieurs milliers de machines à sous, certains sont équipés de plusieurs piscines et parfois même d’une galerie commerçante dans laquelle on retrouve toutes les enseignes habituellement représentées dans les centres commerciaux. Certains hébergent même un centre de congrès / palais d’expositions pouvant accueillir des événements de plusieurs milliers de personnes : concerts, comédies, etc.

La chaleur suffocante en extérieur est un peu plus supportable à proximité des fontaines du Bellagio, qui offrent un spectacle aquatique toutes les demi-heures dans lequel s’entremêlent artistiquement l’eau, la musique et la lumière pour ravir les sens des spectateurs.

Nous ne sommes pas vraiment venus pour dépenser des sous dans les jeux d’argent – ce qui amènerait certainement tous les fans inconditionnels de Las Vegas à nous interroger sur ce que nous sommes donc venus faire ici si ce n’est pas pour jouer et dépenser de l’argent – mais il n’est pas question non plus de repartir d’ici sans s’être assis au moins une fois à une table ! C’est ainsi qu’on choisit, un soir, après le repas, de s’installer à une table de roulette russe et de miser chacun, la mise minimum 10 US $, l’un jouant la couleur rouge, l’autre la couleur noire. De cette façon, au moins l’un de nous restera assis et pourra rejouer une deuxième ronde.
Enfin, c’est ce que nous croyons.
Le croupier lance la bille qui s’arrête, après quelques tours, sur l’une de 2 seules cases vertes de la roulette. On n’arrive pas y croire : sur une roulette américaine, il y a 38 cases numérotées de 0 à 36 alternativement rouges et noires, à l’exception du zéro et du double zéro (00), cases vertes. Statistiquement, il n’y avait que peu de chance de tomber dessus. Et bien nous, ça nous arrive !
En définitive, les gens vont au casino pour dépenser de l’argent, très rarement pour en gagner, mais la nature humaine est ainsi faite que beaucoup continuent de jouer même après avoir récupéré le double de leur mise initiale espérant gagner toujours plus ou ne peuvent s’empêcher de remiser à la suite d’une précédent malheureux tour. Chers lecteurs, il n’y a ni statistiques, ni mathématiques, le Casino finit toujours par gagner !

Contrairement à ce qu’il est permis de croire, il n’y a pas ville plus facile que Las Vegas pour se garer (à proximité du Strip, en tout cas) puisque tous les hôtels offrent d’immenses parkings gratuits et faciles d’accès afin d’accueillir le plus grand nombre possible de joueurs, ce qui nous permet de dormir en 3 jours, dans 3 « hôtels » différents sans aucune difficulté, sauf une peut-être: celle de trouver une douche en plein milieu du désert.
Après une quête infructueuse de 3 jours, la nécessité de trouver une douche devient urgente et nous ne voyons plus qu’une seule option : le complexe aquatique de l’hôtel Mandalay Bay qui semble payant mais accessible y compris aux non-résidents de l’hôtel à l’intérieur duquel nous espérons pouvoir profiter de sanitaires.
Résultat : on nous ponctionne quand même 60 US $ pour la journée et on se retrouve dans un « Day Club » (comprendre une « boîte de jour »), musique électronique à bloc, boissons hors-de-prix, et sans sanitaires (tout juste des douches pour se rincer en sortant de la piscine). Ça fait chère, la douche sans savon ni shampooing.

On n’était vraiment pas venus pour ça, mais on aura finalement profité de cette dernière journée à Las Vegas, en maillot de bain et en tongues, Margarita en main.

Los Angeles

Dans la journée du 16/09/2013, on rejoint l’appartement de mon cousin Erik, étudiant en ethnomusicologie à UCLA, qui est remonté à Berkeley pour quelques jours, ce qui nous permet du coup d’emprunter son lit pour 2 nuits avant de continuer notre aventure. On rencontre ses « room mates », Kiefer et Forrest, également musiciens, qui occupent un lumineux appartement au 4ème étage d’un bâtiment d’une résidence universitaire proche du campus. Pendant quelques heures, nous revivons donc à la mode étudiante : ampoules grillées, réfrigérateur vide, ménage remis à plus tard, et toilettes en panne. Et pendant ce temps : « Eh les mecs, on se fait le dernier épisode de ‘The Office’, version UK, puisqu’on a déjà enquillé les 7 saisons de la version US ? »

Elle est pas belle la vie ?

Mais finalement, je crois qu’ils ont raison de ne pas se préoccuper trop de ces futilités et peut-être même qu’on profiterait bien plus de chaque moment en restant étudiant toute la vie !

Pendant ces 2 jours, nous profitons de la proximité du campus universitaire avec les beaux quartiers de LA pour aller se promener à Beverly Hills, bien sûr, et on a même l’opportunité de pénétrer à l’intérieur d’une « Open House » : un bien d’une trentaine d’année, de style traditionnel espagnol, ouvert pour des visites de potentiels acheteurs. Prix de vente fixé à 5,2 Millions de US$ ! « Ah, on n’a pas cette somme sur nous, dans l’instant, mais on revient, on va sortir un peu de cash ! »

En réalité, l’agent immobilier était très sympa, et quand il a su que Magda venait du sud de l’Espagne, il nous a autorisés à visiter la demeure en sachant bien que nous ne ferions pas d’offre. Je me serai contenté des dépendances réservées au personnel de service.

Le lendemain, nous prenons le bus pour Hollywood Bvd et son « Walk of Fame », puis retournons dans l’après-midi vers Beverly Hills pour aller nous promener cette fois sur Rodeo Drive et ses magasins de luxe. Magda est aux anges quand nous rentrons dans le hall puis au bar du Regent Beverly Wilshire Hotel, l’hôtel de luxe dans lequel Richard Gere invite Julia Roberts à passer une semaine avec lui dans Pretty Woman.

Le 18 septembre au matin, je récupère à LAX, l’aéroport de LA, un véhicule heureusement beaucoup plus petit que notre dernier « compagnon de galère », pour que nous puissions effectuer une boucle d’une dizaine de jours passant par Las Vegas puis Le Grand Canyon du Colorado avant de revenir passer 2 jours à LA, cette fois, en compagnie de mon cousin Erik qui sera rentré pour reprendre les cours.

Je passe reprendre Magda à l’appartement d’Erik et de ses mates et partons en direction du prestigieux quartier « Bel-Air », dont l’une des plus grandes propriétés, située sur Holmby Hills, dans le triangle d’or de LA, entre Beverly Hills, Bel Air et Westwood, est la dernière demeure habitée par feu Michael Jackson. C’est vraiment une star interplanétaire ce MJ : le business post-mortem continue de générer des quantités astronomiques. Il suffit de voir les innombrables tours organisés qui font une halte devant la demeure dont on devine l’immensité – sans pour autant voir quoi que ce soit – demeure qui a depuis été rachetée par un banquier d’investissement américain du nom de Steven Mayer pour la modique somme de 15 à 20 Millions de US$. Et quand à l’étoile du « King of Pop » sur le Walk of Fame, il est tout simplement impossible de la rater : elle est en permanence précédée d’une queue d’au moins 10 personnes qui veulent tous une photo souvenir.

Nous passons la fin de journée en allant admirer le coucher de soleil à la plage de Santa Monica, à l’Ouest de LA avant de trouver un endroit tranquille pour dormir.

Le lendemain, nous prenons la route de Las Vegas et décidons de faire un rapide crochet par Malibu Beach, qui ne nous impressionne pas franchement (peut-être parce que nous choisissons mal l’endroit pour nous arrêter prendre un café). Peu importe, dans 10 jours, après notre boucle, nous devrions avoir un peu de temps pour profiter à nouveau de LA et de ses alentours.

California State Route 1

12 septembre 2013, c’est aujourd’hui que nous quittons le confortable studio chez ma tante, studio que nous occupions depuis fin août. Après un long et reposant break, nous voici de retour à la réalité. On the road again !

Dès cet après-midi et pendant les 4 prochains jours, nous voyagerons en camping-car. Il y a quelques semaines, j’ai booké, après avoir lourdement insisté auprès de Magda qui n’y était pas forcément favorable, une opportunité particulière de location appelée « relocation » : très répandu en Australie, ce concept permet à une entreprise de location de vans et/ou camping de ramener à frais réduits des véhicules vers leur agence mère à la suite d’une précédente location durant laquelle le client aurait laissé le véhicule dans une autre agence. Comment ? Plutôt que de payer un transporteur, certaines entreprises offrent ces locations à des tarifs imbattables en les conditionnant à des durées relativement courtes.

En l’occurrence, une « relocation » pour ramener un camping-car de San Francisco vers Los Angeles en 4 jours, ce qui est amplement suffisant, était disponible entre le 12 et le 16 septembre ce qui correspondait à la fois à notre trajet en Californie et à notre agenda. Les conditions proposées étant excessivement intéressantes – 1$/jour de location + 25$ de frais administratifs et 100$ essence remboursés au dépôt du véhicule à Los Angeles sur présentation de factures – j’avais donc réservé cette relocation à la fin du mois d’août.

Bref, le 12 dans l’après-midi, nous nous présentons à l’agence pour récupérer le camping-car en question. Bon, c’est un monstre, ça mesure probablement 10 m de long, mais c’est presque aussi bien équipé que le studio que nous venons de quitter : douche, toilettes, capacité de couchage pour 5 ou 6 personnes, une vraie cuisine, une TV etc. J’imagine bien que ce ne sera pas évident à conduire mais ça ne me fait pas peur et ça fera une excellente transition avant de revenir au mode backpacking pur.

Nous voilà donc partis en direction du sud de la Californie par la magnifique « California State Route 1 » que nous décidons d’emprunter jusqu’à LA. En 2 jours, nous passons donc par la baie de Monterey, par la célébrissime « 17 mile drive », nous traversons Pebble Beach, puis la très jolie ville de Carmel et continuons ainsi à longer la côte Ouest Pacifique jusqu’à Santa Barbara.

Le camping-car est franchement encombrant mais ça se passe bien, j’ai pris mes marques et Magda m’a surnommé « autobusero », vous aurez bien sûr compris « le chauffeur d’autobus ». Ça se passe bien mais la conduite d’un tel engin requiert une attention permanente et une vigilance plus importante encore qu’en voiture (les rétro, la hauteur etc.) Le 3ème jour en fin d’après-midi, à la plage de Santa Barbara, je finis par perdre un instant cette vigilance en manœuvrant dans un parking et j’accroche nettement un véhicule en me garant. On patiente jusqu’au retour du conducteur avec qui l’entente est cordiale et nous procédons assez vite et sans grande difficulté à la déclaration de l’incident auprès de l’entreprise de location. Mais cet épisode remet en question le « supposé bon plan » de la relocation : on est assuré par le contrat de location bien entendu mais avec une importante franchise et nous craignons fort, Magda et moi, que l’intégralité de la franchise ne nous soit retenue à la restitution du véhicule.

Dès lors, ça devient donc beaucoup moins rigolo, je suis tendu comme un string en conduisant et nous avons franchement tous les 2 hâte de rendre cet encombrant engin à Los Angeles. Mais nous l’avons encore sur les bras pour 24h et nous devons, avant de le rendre, procéder au « dumping » des eaux usagées. En arrivant du côté de Los Angeles, nous mettons déjà un bout de temps pour trouver une station de « dump » ouverte et elle n’est pas à côté. Arrivés sur place, nous relisons pour la nième fois le manuel du camping-car pour vider proprement et dans le bon ordre, l’ensemble des tuyaux d’évacuation sans nous en renverser la moitié dessus.

« On peut y aller, là ? Toutes les vannes sont bien fermées ? Je peux dévisser le bouchon ? »

On dit qu’il y a des « jours avec » et des « jours sans ». Bon, aujourd’hui est un « jour sans » ! A peine le premier bouchon ouvert, ça commence à dégueuler de partout sauf dans la gaine prévue à cet effet et reliée au tout-à l’égout. Heureusement que nous n’étions que 2 et que nous n’avons gardé le véhicule que 4 jours, je vous le dis !

Nous restituons notre autobus le lendemain, 16 septembre à l’agence « El Monte » dans la matinée comme convenu. Et bien sûr, comme nous l’imaginions, on nous annonce après étude du véhicule, presque en souriant, que nous nous en sortons bien et n’allons payer « que » la franchise de 1000$ ce qui reste inférieur aux 6 ou 7 heures de main d’œuvre facturées 110$/heure, plus la peinture, plus le vernis etc. pour remettre le véhicule en état ! Je l’avais vu venir de loin celle-là !

Bref, au moins, on vient de se séparer de ce maudit camping-car !