Salar d’Uyuni & Sud-Lípez

04/12/2013, après une seule journée passée à Potosí, nous nous enfonçons maintenant encore plus vers le Sud-Ouest du pays, direction la ville d’Uyuni, et son très célèbre « Salar ». La route, que nous faisons aujourd’hui en bus, dure environ 4 à 5 heures et traverse des paysages sauvages et arides où les lamas, vigognes et autres ruminants semblent avoir pris le contrôle du territoire. Hormis quelques fermes éparses, il n’y a ni ville, ni même village entre Potosí et Uyuni, que nous commençons à apercevoir au loin en contrebas, annonçant une étendue plate et blanche dont nous ne pouvons qu’imaginer l’immensité tant sa superficie semble importante.

La ville d’Uyuni, un peu plus de 11 00 habitants, située à 3670 m d’altitude, n’a vraiment rien de particulier à offrir : la pollution ambiante due aux poubelles qui jonchent les rues poussiéreuses et une pauvreté peut-être encore plus visible ici qu’ailleurs en Bolivie révèlent un tableau un peu triste, il faut bien le dire. Pourtant, Uyuni voit débarquer des milliers de touristes par an et à toutes les périodes de l’année car elle est le point d’appui logistique le plus proche pour nombre d’excursions vers le Salar et la région du Sud Lípez, qui s’étend jusqu’à la frontière entre la Bolivie et le Chili au Sud-Ouest, et celle entre la Bolivie et l’Argentine, au Sud. J’espérais vivement pouvoir une fois de plus éviter de recourir aux services d’une agence et nous aventurer en indépendants dans cette région mais, après nos nombreux échanges avec d’autres voyageurs, je suis bien forcé de reconnaitre que cela est fortement déconseillé : non seulement il semble n’y avoir absolument aucune route asphaltée entre le Salar d’Uyuni et la frontière Sud-Ouest avec le Chili (j’ai bien du mal à le croire pour le moment mais l’avenir me prouvera que c’est pourtant vrai) et par voie de conséquence, pour initier cette aventure en autonomie, il nous manque donc une pièce maitresse : un 4×4 ! Et, je n’en ai pas un sous la main, dans l’instant ! Cela fait longtemps que plus personne ne loue de véhicule dans le coin : ils souffrent beaucoup de leurs trajets répétés sur le proche Salar. La haute concentration en sel contenue dans l’eau recouvrant le Salar pendant plusieurs mois de l’année, la rend très fortement conductrice de courant, et les éclaboussures peuvent provoquer des courts circuits sur les systèmes électriques des véhicules qui tombent alors instantanément en panne. C’est un des risques importants sur place : imaginez-vous coincé au milieu du Salar avec un alternateur grillé ?

Donc, cette fois, pas le choix, on va devoir acheter la prestation à une des quelques 70 agences d’Uyuni qui se partagent le marché. Les excursions sont sensiblement les mêmes d’une agence à l‘autre mais il semble y avoir à boire et à manger, si on compare notamment le sérieux des guides-chauffeurs (il n’est pas rare que certains boivent plus que de raison pendant les excursions) et l‘entretien des véhicules, ce qui peut rapidement transformer une excursion prévue de 3 jours en 4 ou 5 (ce qui semble arriver une fois de temps en temps). Arrivés à Uyuni en début d’après-midi, nous entamons nos recherches pour trouver une agence sérieuse et nous décidons dans l’après-midi pour une excursion démarrant le lendemain matin pour 3 jours et 2 nuits en passant par « Andes Salt Expeditions ». Le programme semble conforme à nos attentes, le discours est sérieux, bien rôdé, les réponses à nos questions claires et précises et l’agence accepte la ristourne que nous leur demandons. RDV demain matin 10h30 devant l’agence.

Le lendemain, nous nous présentons à l’agence a l’heure prévue, armés de plusieurs litres d’eau et quelques provisions, et faisons la connaissance des autres membres de l’excursion qui seront affectés au même véhicule que nous. Il y a d’abord Ken, un japonais de naissance, ayant vécu aux USA et en Australie, avec qui nous échangerons en anglais, puis Manuel et Gustavo, deux Uruguayens de Montevideo qui parlent aussi anglais, et Liz, une jeune fille hawaïenne qui voyage avec Manuel et Gustavo depuis le nord de la Bolivie. Nous ne le savons pas encore, mais nous venons de faire la connaissance d’un groupe qui va marquer une nouvelle joyeuse page de notre périple. Enfin, c’est Juan Carlos, notre guide-chauffeur, qui conduira cette joyeuse troupe pendant les 3 prochains jours.

Il est 11h quand nous montons (7 personnes tout de même !) à bord du gros 4×4 Toyota qui sera notre unique moyen de transport pendant les 3 prochains jours.

La première étape de notre excursion, située à seulement quelques kilomètres des portes de la ville, est un cimetière de vieux trains, constitué de quelques dizaine de vieilles locomotives abandonnées. Uyuni est historiquement le plus grand carrefour de chemins de fer de Bolivie, d’où partent quatre lignes, respectivement vers La Paz, vers Antofagasta (sur l’océan Pacifique, au Chili), vers Potosí, et aussi vers Villazón (à la frontière avec l’Argentine). Mais depuis le déclin de l’économie minière dans la région, le nombre de trains circulant a été considérablement réduit. Uyuni étant au centre de ce réseau, c’est naturellement ici que se sont entassées au fil des années les carcasses de trains qui ont en partie été désossées pour remplacer les pièces défaillantes des trains toujours en circulation, puis définitivement abandonnées. Aujourd’hui, ce cimetière n’est plus exploité que par le tourisme, l’ensemble des excursions vers le Salar intégrant cette étape, l’occasion de prendre quelques photos de vieilles locomotives à vapeur.

L’étape suivante est un minuscule village à l’entrée du Salar, appelé Colchani, dont les habitants (sur)vivent (difficilement) presque exclusivement de l’industrie du sel : les hommes travaillent majoritairement directement sur le Salar, pour la collecte et l’emballage de quantités colossales de sel extraites (près de 25 000 par an), les femmes plus souvent au marché de produits artisanaux, tous à base de sel, bien sûr, là encore, une étape systématique dans les circuits organisés.

Tout le monde remonte à bord du 4×4 et nous entrons cette fois pour de bon sur l’immense surface de sel qui s’étend à perte de vue devant nous. Nous roulons pendant une courte heure, suivis par quelques autres véhicules partis d’Uyuni ce matin en même temps que nous, ce qui nous permet de faire plus ample connaissance avec nos nouveaux « travel mates ». On devine déjà que le groupe formé va très vite constituer une « fine » équipe.

Depuis le 4×4 qui file à toute allure, nous découvrons enfin cette singularité géologique qui se trouve à 25 kilomètres au Nord-Ouest d’Uyuni : il s’agit du plus grand désert/lac de sel au monde (suivi par celui de Salt Lake City, en Utah aux USA puis celui d’Atacama, au Chili, qui présentent chacun une surface au moins 3 fois inférieure) qui s’étend sur une superficie de près de 12 000 km2. Il s’est formé dans une cuvette naturelle où l’eau s’accumule mais ne peut s’évacuer car il n’est relié à aucun ruisseau ou rivière. Toute l’eau accumulée sur le lac au cours de la saison des pluies ne s’en retire que grâce à l’évaporation. Durant le processus, l’H2O disparait sous forme de vapeur d’eau, mais les sels minéraux dont elle est chargée restent eux dans la cuvette. La formation du Salar remonte à 10 000 ans, quand l’étendue d’eau salée était une partie du Lago Minchin, un lac préhistorique géant qui laissa derrière lui, en s’asséchant, deux petits lacs encore visibles, le lac Poopó et le lac Uru Uru et deux grands déserts de sel, le Salar de Coipasa et le gigantesque Salar d’Uyuni. Après plusieurs milliers d’années, les sels minéraux en surface ont formé une couche blanche qui recouvre le bassin et dont l’épaisseur peut atteindre plusieurs dizaine de mètres par endroits. Et ce n’est pas fini, le Salar continue de s’agrandir chaque année en épaisseur et en superficie, les précipitations annuelles laissant des couches additionnelles de minéraux après évaporation. On estime que le Salar atteindra les portes de la ville d’Uyuni dans 25 ans environ. La zone est riche en sodium bien sûr, mais contient aussi beaucoup d’autres éléments chimiques comme le fameux lithium, utilisé dans la fabrication des batteries d’appareils électroniques. Cette région du globe, qui comprend également le Salar d’Atacama au Chili et le Salar del Hombre Muerto en Argentine, appelée « triangle du lithium », concentrerait 70 %, soit plus de deux tiers, des réserves mondiales de lithium. Le Salar d’Uyuni représente à lui seul un tiers des réserves exploitables de la planète : cela a de quoi attiser la convoitise des puissances mondiales de premier rang et des plus grandes multinationales de l’industrie électronique. A ce sujet, en 2011, alors que le Président Evo Morales s’était juré de faire exploiter le lithium d’Uyuni par un acteur bolivien de façon à faire bénéficier au maximum son peuple des ressources du pays, c’est finalement une société Sud-Coréenne qui avait remporté le deal et cela illustre assez bien l’une des grandes difficultés de la Bolivie : malgré des ressources variées et en quantité (argent, étain, zinc dans les mines, du gaz naturel, du pétrole, du sel, et du lithium), la compétition est rude à l’heure de la mondialisation et ce sont très rarement des acteurs locaux qui exploitent finalement ces gisements à gros potentiel. La Bolivie conserve ainsi tristement sa place de pays le plus pauvre d’Amérique latine.

Si les touristes se bousculent aux portes d’Uyuni, c’est avant tout pour les spectacles incroyablement photogéniques qu’offre l’immense Salar. Sa taille est telle qu’après avoir parcouru une dizaine de kilomètres vers son centre, on perd tous ses repères et seule demeure l’impression d’être perdu au milieu d’une gigantesque étendue blanche sans fin : un paysage lunaire.

Pendant l’été austral, de fin décembre à mars, le salar d’Uyuni peut être inondé pendant quelques semaines. L’épaisseur de l’eau dépasse rarement les 10 à 15 centimètres. Comme le salar est parfaitement plat, il est inondé sur toute sa surface, ce qui en fait un gigantesque miroir. Les jeux de perspective auxquels on peut s’adonner sur place sont alors sans limites, et les réflexions qu’il procure permettent des clichés surréalistes. La période idéale pour venir admirer cette merveille semble donc être le mois d’avril ou le mois de mai, lorsque la saison des pluies est terminée mais que l’eau accumulée en surface ne s’est pas encore évaporée. Nous n’aurons pas la chance de voir le Salar d’Uyuni sous cet angle, car on est début décembre et la saison des pluies n’a pas encore commencé : l’immense lac salé est donc complètement sec, presque plus aucune zone recouverte par l’eau.

En tout début d’après-midi, notre convoi s’arrête au beau milieu du Salar pour déjeuner. Notre guide est bien organisé et le coffre du 4×4 sert de table à piquenique pour le groupe : une sorte de buffet improvisé au milieu du désert ! Original et sympathique moment ! C’est aussi ce moment que choisissent les touristes pour prendre des clichés insolites et amusants. Nous nous exécutons donc, sans grande originalité, il faut bien le dire. Mais pas question de quitter les lieux sans immortaliser ce moment. Autre singularité : le sol est formé de millions d’hexagones contigus, à priori résultant des molécules de Chlorure de Sodium qui forment naturellement ces figures géométriques : incroyable nature !

Après une nouvelle heure et demi de route vers le centre du Salar, on commence en effet à ne plus distinguer les contours et nous atteignons une nouvelle curiosité du lieu : « La Isla del Pescado », située en plein milieu du Salar, doit son nom à sa forme de poisson, vue du ciel. Bien qu’elle soit entourée la majeure partie de l’année par une étendue sèche, elle se transforme temporairement en île lorsque l’eau recouvre cette dernière, ce qui se produit quelques semaines par an. Elle se retrouve alors dans la même configuration qu’il y a plusieurs dizaine de milliers d’années, avant l’évaporation du Lago Minchin. Cette pseudo-île mesure environ 2,5 km de longueur, du nord au sud, pour une largeur de 800 à 900 m, soit une superficie de moins de 2 km². C’est une excroissance recouverte de cactus candélabres, dont certains sont millénaires, et dont la taille peut être supérieure à 10 m. Nous en faisons un demi-tour, prenons quelques photos de ce paysage une nouvelle fois surréaliste puis rejoignons le groupe pour continuer la route vers le Sud du Salar.

En fin de journée, après une nouvelle heure et demi de route, nous retrouvons un semblant de paysage « terrien ». Juste à la pointe Sud du Salar, à seulement quelques mètres, se trouve l’hôtel de sel dans lequel nous allons passer la première nuit. Il en existe plusieurs à proximité immédiate du Salar et ils sont tous construits exclusivement en briques de sel, du sol au plafond. Le gisement de sel du Salar d’Uyuni étant estimé à 64 milliards de tonnes, il y a peu de chance qu’il s’épuise dans un avenir proche : du coup, dans le coin, le sel, on en use et en abuse !

L’hôtel, le refuge que nous occupons est sommaire et il vient d’être construit: il y a l’électricité mais pas les prises électriques (il faut donc faire contact manuellement !) et l’eau courante est en supplément pour ceux qui exigeraient une douche. On nous avait prévenus : rudimentaire ! Pas de problème, on a vu pire et la bonne ambiance qui se dégage du groupe suffira à nous faire passer une excellente soirée. On célèbre notamment l’anniversaire de Gustavo, en jouant aux cartes et en buvant des bières tièdes achetées directement au propriétaire du refuge.

Le réveil sonne vers 6h30 le lendemain matin et le départ de notre convoi est prévu vers 7h. On boit un café, on avale deux tartines, on charge nos « back packs » sur le toit du 4×4 et « en voiture Simone » ! Nous voilà maintenant en direction de la province la plus australe de la Bolivie, appelée « Sud-Lípez », d’une superficie de 15 000 km2 pour une population de moins de 5000 habitants. Ceci dit, l’inexistence absolue de route asphaltée dans le coin, les températures souvent largement négatives en hiver, et le manque de fertilité des terrains rendent la région hostile et expliquent cette très faible densité de population.

Nous allons beaucoup rouler durant cette deuxième journée car le programme des réjouissances est chargé. Juan Carlos pilote vite en ce début de journée, parfois en suivant des pistes tracées par de précédents convois, parfois au milieu d’étendues désertiques sans aucune piste au sol : un 4×4 est définitivement indispensable pour aller s’aventurer jusqu’au plus profond de cette étonnante province.

A quelques km au sud du Salar d’Uyuni, nous faisons une courte et matinale « pause pipi » dans le dernier village existant, appelé San Juan, avant la frontière avec le Chili, que nous allons suivre pendant près de 150 km de pistes jusqu’au lendemain matin. Nous repartons donc cette fois pour plusieurs heures de route et traversons d’abord le Salar de Chiguana, de surface incomparablement plus petite que celle du Salar d’Uyuni, et faisons, un peu plus tard dans la matinée, une nouvelle pause à proximité du volcan Ollague, l’occasion de prendre à nouveau des photos de paysages étonnants, notamment au travers des nombreuses aspérités bien visibles dans les roches volcaniques alentours.

En fin de matinée, nous atteignons une zone réunissant 5 lagunes peuplées de flamands roses et nous déjeunons au bord de l’une d’entre elles, appelée « laguna Charcota ». C’est un avant-goût de ce qui nous attend dans l’après-midi ! La pause suivante se fait en effet au bord d’une autre lagune, la « laguna Hedionda », littéralement « lagune puante » en français, plus impressionnante, par sa taille, par sa couleur et les reflets qu’elle génère et enfin par la quantité et la variété de ses occupants : toujours des flamants roses ! Magda qui a aujourd’hui pris la casquette de « photographe pour documentaire animalier » continue de mitrailler et réalise quelques jolis clichés de cet original oiseau dont la silhouette se reflète parfois de façon incroyablement précise à la surface de l’eau.

Nous quittons ensuite temporairement les « plans d’eaux » pour retraverser une zone totalement désertique au milieu de laquelle se trouvent des formations rocheuses variées. Les premières rencontrées invitent à faire quelques minutes de grimpe, puis on nous demande de conserver un peu plus de distance avec une nouvelle curiosité géologique : el « arbol de piedra » (« l’arbre de pierre »)  est une roche de 5 à 6 de mètres de haut, que les vents violents et fortes précipitations ont façonnés avec le temps, lui donnant l’apparence d’un arbre !

Vers la fin de l’après-midi, c’est le clou du spectacle ! C’est à nouveau une immense lagune qui s’étend devant nous : la « laguna Colorada » présente une variation de couleurs à sa surface allant du bleu-vert au rouge-violet en certains endroits. Cette couleur rouge est due à la présence d’une algue microscopique dans l’eau, capable de vivre dans des milieux très salés, et dégageant un pigment rouge en réaction à la lumière solaire. D’autre part, les vents très violents, qui soufflent à cet endroit, transportent avec eux quantité d’éléments au-dessus et à la surface de la lagune : par exemple, l’acide borique prend l’apparence d’une fumée blanche qui se propage en petites tornades traversant parfois toute la lagune. Tout cela donne un caractère presque inquiétant au lieu. Ce dernier paysage est définitivement unique et époustouflant.

Quelques dizaine de minutes plus tard, nous pénétrons dans le refuge qui va accueillir notre groupe pour la deuxième nuit de notre excursion. Cette fois ce n’est plus rudimentaire, c’est carrément « spartiate » : dortoir de 10 lits, l’électricité ne fonctionne que deux heures par jour et il n’y a pas de douche du tout. Malgré tout, l’ambiance reste excellente non seulement au sein de notre groupe mais aussi avec les voyageurs des autres véhicules qui dorment également dans ce refuge. Le dîner est bien arrosé puisque nous avions anticipé en achetant avec les autres passagers de notre 4×4, plusieurs bouteilles de vin spécialement pour cette deuxième soirée loin de toute civilisation.

La nuit est courte, le réveil bien matinal, voire nocturne puisqu’on nous sort du lit à 4h30. Il fait encore nuit noire dehors et bien froid à l’extérieur. Nous sommes pourtant en plein été, ici, ce qui laisse imaginer la rigueur de l’hiver dans la région. A 5h du matin, nous sommes à nouveau prêts pour le 3ème épisode de l’excursion, qui s’achèvera en milieu de matinée pour Magda et moi, au moment de nous déposer au poste frontière entre la Bolivie et le Chili.

Cette 3ème journée commence par une zone volcanique présentant d’impressionnants geysers autour desquels nous commençons un jeu stupide avec le reste du groupe : il n’est même pas 6h du matin, il fait encore bien froid et le fait de traverser la colonne de souffre résultant de ces geysers naturels réchauffe instantanément le corps, ce que nous faisons chacun notre tour comme des gamins de 10 ans, avant que Juan Carlos ne nous révèle quelques minutes plus tard, que des touristes ont subi de graves brulures dans le passé avec ce genre d’âneries : bon, on ne recommencera pas, promis !

Une heure plus tard, nous refaisons une pause à proximité d’une piscine naturelle d’eaux thermales. Même si l’eau est à 37 degrés, Magda et moi avons vraiment trop froid pour enfiler nos maillots de bain. Le reste du groupe va rester une bonne demi-heure dans l’eau fumante pendant que Magda termine tranquillement sa nuit dans la voiture et que j’essaie tant bien que mal de me réchauffer en trempant les pieds dans l’eau, pendant que le soleil continue sa lente ascension et commence doucement à réchauffer l’atmosphère.

Nous traversons ensuite une région de montagnes désertiques, appelé « désert de Dali », en hommage au peintre catalan, qui peigna, de sa propre imagination, des paysages étrangement proches de ces somptueux paysages composés de montagnes aux tons allant du jaune clair au marron foncé passant par différentes teintes rougeâtres : une fois de plus, des paysages extraordinaires, non plus « lunaires » mais plutôt « martiens » cette fois !

Pour finir en apothéose, Juan Carlos nous conduit enfin à deux dernières lagunes, « Laguna Verde » et « Laguna Blanca », respectivement « Lagune Verte » et « Lagune Blanche », situées toutes deux à proximité du volcan Licancabur, ¼ bolivien, ¾ chilien, 5900 m d’altitude et qui se dresse majestueusement en fond de paysage. La première présente une couleur bleu-vert dont l’intensité varie en fonction du degré d’ensoleillement, la seconde ressemble à une immense patinoire, surtout à 8h du matin quand le vent ne souffle pas, dans laquelle se reflètent tous les sommets alentours.

A seulement quelques km de là se trouve la frontière avec le Chili et juste derrière, le désert d’Atacama, territoire chilien depuis 1879. Vers 9h30, nous arrivons à un poste frontière impensable, en plein milieu de nulle part, composé de deux minuscules structures, au niveau duquel patientent déjà quelques voyageurs ayant réalisé la même excursion que nous durant les 3 derniers jours et qui continuent leur itinéraire vers le Chili. Pour Magda et moi, c’est la fin de l’excursion, pour le reste du groupe, c’est le début d’un long trajet retour vers le point de départ Uyuni, et pour tout le monde, le difficile moment de la séparation et des adieux après une expérience inoubliable, des paysages à couper le souffle et une symbiose rare au sein du groupe. Nous ne le savons pas encore, mais ces « adieux » ne sont en fait que des « au revoir » pour une partie du groupe. C’est là toute la magie du voyage !

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