Eugene

Notre étape à Seattle aura été courte: en regardant, sans trop y croire, les offres de covoiturage sur craiglist.org, nous tombons sur une annonce qui coïncide exactement avec notre itinéraire ! Nous décidons de contacter le conducteur qui propose de venir nous chercher à notre hôtel le 23/08/2013 au matin, direction Eugene, Oregon. Cela ne pouvait pas mieux tomber, c’est notre prochaine étape.

8h00 du matin, le 23/08/2013, nous rencontrons donc Ian, un hippie qui semble plus ou moins vivre dans son 4×4 Toyota Tacoma depuis quelques semaines. A l’arrière de son « truck », comme il l’appelle, il reste encore un peu de place pour « jeter » nos 2 backpacks au milieu de ses affaires : tente, sac de couchage, nécessaire de cuisine, probablement quelques fringues de rechange (mais, à voir le bonhomme, les affaires propres doivent être bien cachées au fond du 4×4) et il semble même avoir un(e) ou deux parures / déguisements étonnant(e)s (une fourrure rose, par exemple), à l’usage douteux. Assez vite, on apprend que notre chauffeur temporaire aurait dû se rendre à Burning Man, une gigantesque rencontre artistique qui se tient chaque année dans le désert de Black Rock au Nevada, « si il ne s’était pas fâché avec madame / si il avait eu l‘argent / si il avait obtenu un ticket d’entrée ». Bref, on ne saura jamais s’il a vraiment été proche d’y aller à un moment où à un autre, mais en tout cas, concernant l’utilité de cette éclatante parure rose, l’hypothèse du déguisement pour un festival me convient, et je préfère m’en tenir à cette idée.

Je m’arrête quelques secondes sur Burning Man, dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, et vous invite à découvrir la toute première phrase d’introduction au concept qui figure sur la page officielle du festival :

“Trying to explain what Burning Man is, to someone who has never been to the event, is a bit like trying to explain what a particular color looks like to someone who is blind.”

Ça m’a vraiment fait rire, en première lecture, et ma première pensée a été que les fondateurs n’auraient pas pu trouver meilleure phrase pour rendre leur festival encore plus incompréhensible et déroutant qu’il ne l’est déjà, à mes yeux, en tout cas. Et bien sachez qu’il attire quand même chaque année de plus en plus de participants, venant maintenant de toute la planète : ce sont 50.000+ personnes qui se rassemblent et reconstituent chaque année une cité nomade, qui a pris le nom de Black Rock City, devenant alors le temps du festival, l’une des villes les plus peuplées du Nevada.

Plus tard, en faisant preuve d’un peu plus de curiosité et d’ouverture d’esprit, je m’aperçois que cela semble être une expérience individuelle et collective unique, finalement régie par une organisation hors-norme et des principes stricts qui sont tout sauf absurdes. Je ne m’étends pas plus car ce n’est pas l’objet de cet article mais je vous invite, aujourd’hui encore, à vous faire votre propre opinion en commençant par lire l’article de Wikipédia ou le site officiel du festival, avant de vous décider peut-être, un jour, à vous procurer un billet d’entrée.

Je reviens maintenant sur notre expérience de covoiturage en compagnie de Ian, qui est à la réflexion, probablement la caricature typique du participant à Burning Man. Nous sommes à peine sortis de Seattle que le personnage nous confie, sans exprimer aucune gêne ni retenue, qu’on lui a retiré son permis de conduire à cause d’un accident dans lequel il était fautif et qu’il n’avait (et n’a toujours pas) d’assurance pour son véhicule. A cet instant précis, je voudrais être à Meudon, derrière l’iMac de maman, pour voir un peu sa tête!

Bon, il est vrai que l’idée de trouver une excuse vaseuse pour quitter le véhicule et changer nos plans nous traverse l’esprit, une excuse du style :

– « Heu Ian, nous, on a besoin de s’arrêter pour sortir du cash, et, heu, on va prendre nos back packs avec nous, parce que, heu, parce que la CB est au fond ! »

Mais non, on ne descendra pas, même si notre nouveau pote ne bluffait probablement pas, sa philosophie de vie semblant tout simplement à l’autre bout du spectre par rapport à la nôtre, mais non, on ne quittera finalement pas le véhicule parce que cette occasion de covoiturer fait partie du voyage, une fois encore, aussi parce que la destination du convoi est exactement la nôtre, et enfin parce que Ian a « du bon son dans le camion » !

Quatre heures plus tard, nous arrivons à Eugene, en Oregon, et Ian nous dépose exactement à l‘endroit où nous retrouvons Alison, la sœur de mon oncle par alliance, qui a très gentiment proposé de nous accueillir chez elle pour le Week-End. Et, par chance, notre passage à Eugene coïncide avec la « 2013 Eugene Celebration », la fête annuelle de la ville qui accueille, chaque année, de nombreux artistes musicaux et un défilé, le samedi matin, dans lequel paradent toutes les associations et les services municipaux à la disposition des résidents.

Le vendredi 23/08/2013 au soir, nous rejoignons donc Eugene Downtown avec Alison et Dilly pour aller écouter Marcia Ball, une pianiste et chanteuse américaine, née au Texas, dont la musique se classe dans le blues, puis Zepparella, un groupe composé de quatre jeunes femmes, dont l’objectif depuis la création du groupe, à l’initiative de la batteuse Clémentine, a toujours été de refaire vivre principalement sur scène, la passion, la beauté, la musicalité de l’historique groupe de rock britannique Led Zeppelin. Il y a beaucoup de monde dans les rues de Eugene ce week-end, une ville dans laquelle semble s’être rassemblés tous les hippies de la région et dans laquelle les notions de libre expression, tolérance, ouverture à l’autre sont poussées à leur paroxysme.

Le samedi matin, nous retournons au centre-ville pour la parade annuelle au cours de  laquelle absolument toutes les causes peuvent s’exprimer : du plus petit regroupement de voisins ayant lancé une initiative de collecte et traitement de compost, à la plus grande association sportive du collège-lycée du coin, en passant par tout un tas d’autres sujets comme la promotion du village nudiste à la sortie de la ville, ou le club de mécanique qui défile dans leurs ingénieux et originaux véhicules non motorisés.

A midi, nous déjeunons au « Eugene Saturday Market », un marché de fruits et légumes ouvert seulement le samedi matin, au sein duquel on trouve, en plus des nombreux postes de produits locaux, une quinzaine de stands offrant une large variété de nourriture internationale : thaïlandaise, mexicaine, indienne, française etc.

Le samedi soir, à nouveau direction centre-ville pour retrouver deux autres artistes sur scène : Lyrics Born, un jeune homme né à Tokyo, ayant ensuite émigré en Californie, à Berkeley, et qui produit un Hip Hop alternatif mêlé d’électronique, puis Dumpstaphunk, un quintet originaire de la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, dont le registre est un mélange de funk, soul, blues et rock’n’roll. C’est ce dernier groupe qui aura retenu mon attention ce week-end.

Le dimanche matin, nous accompagnons Alison et Dilly pour une longue promenade autour de Eugene et terminons le week-end par un très sympathique BBQ le dimanche soir.

Alison nous dépose gentiment à l’aéroport de Eugene le lundi 26/08/2013 au matin où nous attend une voiture de location qui va nous permettre de continuer notre route vers le sud, direction Berkeley, Californie.

@Alison & Dilly: Thank you so much for your time and for welcoming us at your place, we had a amazing great time at Eugene with you!

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