Arrivée en Inde

10/06/2013, 1h30 du matin, nous atterrissons à New Delhi. Le vol a été agite, non pas à cause de mauvaises conditions météorologiques mais plutôt parce que les passagers se déplacent sans cesse : ce joli bazar durant le vol nous donne déjà une petite idée de l’ambiance que nous allons trouver à destination, probablement assez loin de la stricte discipline et du respect des japonais que nous quittons. Avec nos sacs à dos de 20 kg, nous sortons de l’aéroport dans un climat presque tropical : lourd et le thermomètre affiche 36 degrés. L’Espagne, c’est une blague, en comparaison à ça, et c’est Magda qui le dit. Moi je vais souffrir, je le sens. Nous esquivons, non sans difficulté, les assauts des chauffeurs de taxi illégaux et parvenons à monter dans un taxi légal, mais pas de chance, le chauffeur ne parle ni ne comprend l’anglais. OK, je ne suis pas de la meilleure humeur possible mais on va se débrouiller. Nous pénétrons dans la jungle New Delhi de nuit. A l’approche de notre hôtel il y a des gens dehors comme si il faisait plein jour, la chaleur est insupportable, on croise des regards, les rues ne sont plus bétonnées, notre hôtel devrait être dans ce quartier, pourri, difficilement qualifiable autrement, proche de l’aéroport. Le chauffeur ne trouve pas l´hôtel, alors il demande à des jeunes qui trainent autour des cendres d’un précédent pseudo barbecue : pas de réponse. Nous finissons par trouver notre hôtel au fond d’un genre de terrain vague, il est 3h du mat’.
2 garçons nous reçoivent à la réception, leur « patron » nous rejoint. Rien qu’à voir ses yeux, lui, je pense qu’il boit autre chose que du jus de fruit le matin ;-). Il étudie avec grande difficulté le livre des réservations, avachi dans un fauteuil, sans aucun formalisme ni protocole de bienvenue. On nous accompagne dans notre chambre, équipée d’une salle de bain et de l’air conditionné, absolument indispensable pour espérer fermer un œil cette nuit. 3h15 du mat’, nous refermons derrière nous le verrou de la porte et la tension redescend : nous étions depuis 1h30 dans un état assez proche de l’apnée, je crois. Nous nous couchons sans trop partager nos sensations mais nous savons chacun ce que l’autre vit de l’intérieur. Premières impressions assez désagréables donc, mais cela va vite changer.

Le lendemain, check-out à 12h, même si je suis réveillé depuis 9h du matin et on nous conseille à la réception de prendre un Tuk-Tuk (ces fameux engins motorisés à 3 roues, totalement instables avec 2 places derrière le « pilote »), plutôt qu’un taxi pour rejoindre le centre-ville de Delhi. C’est beaucoup moins cher. Nous sortons de l’hôtel, il fait maintenant 45 degrés : il nous faut vite, très vite, trouver un Tuk-Tuk avant de rôtir comme des merguez. Coup de bol, on tombe assez vite sur une offre que nous négocions par pur principe. Avec notre dégaine, la proposition doit être 3 fois au-dessus des prix locaux. On paiera finalement 2/3 de la proposition initiale. On prend donc la direction de Shadipur, un quartier de Delhi où nous attend un habitant de Delhi, contacté préalablement par couchsurfer.org pour nous héberger pour 2 nuits. Le trajet en Tuk-Tuk, ce n’est pas pour les cardiaques, l’engin se place sur la route de façon improbable et le code de la route peut se résumer ainsi: le plus gros et celui qui klaxonne en premier passe devant. On attire manifestement l’attention, même à l’arrière de notre Tuk-Tuk, sous une bâche, sur l’autoroute qui mène à New Delhi.

Arrivés à la station de métro de Shadipur, nous quittons l’engin avec notre chargement et partons à pied dans un quartier dont l’extrême pauvreté saute immédiatement à la figure. La claque que nous attendions, c’est pour aujourd’hui, du coup, on oublie un peu les kilos sur le dos et on fait le maximum pour ne pas avoir l’air trop surpris. On passe à côté d’une fille de moins de 5 ans qui dort sur le trottoir et Magda veut s’arrêter pour lui proposer de l’eau. Mon instinct me dit que ce n’est pas approprié, on attire déjà beaucoup l’attention, on est chargé, la jeune fille semble dormir et il faudrait la réveiller. Je donne mon avis à Magda : on risque de devoir accepter notre sentiment d’impuissance et nous devrions peut-être nous donner un peu de temps avant d’interagir.
Apres être entré dans le quartier de Shadipur, impossible de savoir où nous sommes ni vers où nous diriger : les rues sont des chemins de terre boueux, étroits, pas la place pour les voitures, c’est poussiéreux, plein de monde, assis, allongés, souvent par terre, essayant de dormir comme ils peuvent. Après avoir demandé 2 ou 3 fois notre chemin, nous atterrissons finalement chez un indien tatoué et le visage plein de piercing aimable, accueillant, que nous pensons être notre hôte. Il nous explique que Gurvinder, notre hôte, n’habite pas ici mais qu’un ami à lui va nous conduire jusqu’à chez lui. Pour l’instant, impossible de savoir de qui nous fier où nous méfier, mais aucun nom de rue ni possibilité de trouver seuls notre hôte, nous devons donc suivre en observant attentivement l’environnement. Moi je prie que mon sens de l’orientation ne me trahisse pas car le seul repère que j’ai, c’est la station de métro de Shadipur qui est loin derrière nous mais dont je crois deviner la direction, enfin, j’espère.

En chemin, certains enfants prononcent des « Hello » à notre vue, certains nous tendent la main, que nous serrons en retour en souriant le plus possible pour signifier notre intérêt, d’autres s’approchent en rigolant puis s‘éloignent. Les gens nous regardent parfois avec un air méfiant, mais les sourires finissent par faire leur effet et nous en obtenons de façon réciproque. Nous commençons doucement à découvrir la philosophie de l’Inde : si tu montres ton meilleur côté, eux te montrent le leur.
Nous finissions par arriver chez notre hôte, un passionné du Népal, de la méditation, qui nous réserve un très chaleureux accueil en nous expliquant qui il est et quels sont les projets de l’association qu’il représente : éducation des femmes et des enfants, création de centres d’éducation afin de sortir les plus démunis de la rue etc… Il est habitué à recevoir des volontaires et des couchsurfers et il utilise d’ailleurs la communauté couchsurfers pour promouvoir son association et ses projets.

Après nous être installés, nous décidons de repartir en direction du métro pour rejoindre le centre-ville de New Delhi. On trouve un restaurant et on s’installe pour déjeuner. Puis en se baladant, on décide de rentrer dans une agence de voyage pour réserver nos trains pour la suite du voyage : dans moins de 3 semaines, nous devons être à Calcutta après une étape intermédiaire à Varanasi. Après une petite heure de discussion, les dates de nos trains sont bloquées et nous avons même un chouette programme pour visiter le Rajasthan pendant 10 jours avant de prendre la route vers l’est de l’Inde.

Nous rentrons chez notre hôte à la tombée de la nuit et retrouvons la pauvreté et le chaos de Shadipur. On croise de tout dans ce quartier : des gens à pied, à vélo, à moto, des chèvres, des porcs. A la tombée de la nuit, nous ressentons que notre présence ici n’est peut-être pas une excellente idée : les regards ne sont pas menaçants mais nous ne nous sentons pas vraiment à notre place et n’avons pas croisé d’autres touristes ici. Nous décidons de dormir cette nuit ici mais de changer d’endroit pour demain soir. La suite de notre voyage va s’avérer nettement plus confortable (et tant mieux, ne nous le cachons pas) mais c’est aussi ce qui éloigne peut-être un peu de la triste réalité de ce pays d’une certaine manière. Du coup, à l´heure où nous écrivons ces lignes (3 jours après), malgré la chaleur suffocante de la première nuit, et le peu d’heure de sommeil dû à l’inconfort de dormir à même le sol (on était à l’intérieur quand même), nous sommes heureux, très heureux d’avoir vécu Shadipur de l’intérieur, même si ce fut court.

6 réflexions sur « Arrivée en Inde »

  1. Caro

    A quand la suite du récit?? C’est captivant votre histoire, et nous attendons les photos à l’appui du passage Inde avec impatience!! Faites attention à vous quand même car les sourires ne protègent pas toujours…
    Bizzz et à +…;-)

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    1. Julien Bernardi-Morel

      Pas de nouveaux post depuis quelques temps ?
      Avec les inondations qui ravagent le nord du pays, je ne dirais pas non à quelques nouvelles fraîches 🙂 !

      A bon entendeur 😉

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      1. Loïc & Magda

        Oui, en effet, on a du se passer d’Internet pendant plus d’une semaine. Nous comprenons les inquiétudes au vu de ce que nous venons de voir dans les news sur Internet à l’instant. Bonne nouvelle et coup de bol, on a décidé de vadrouiller dans le sud du Rajasthan et on n’a presque pas vu de pluie pour le moment.

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  2. Noël

    Salut les aventuriers,
    Je connais nombre de personnes qui racontent leur premier contact avec l’Inde en exprimant les mêmes sentiments que vous. J’en fait parti, et mon premier séjour là-bas a été… éprouvant.
    Ce sentiment d’oppression, de ne pas savoir à qui se fier ou non, de ne rien comprendre aux codes, à ce que font les gens, ce qu’ils veulent, pourquoi ils sont là, et si vraiment c’était une bonne idée de laisser partir cet inconnu avec ta valise dans les couloirs de l’hôtel (Va-t-elle vraiment se trouver dans la chambre dans 10 minutes… ?), et le soulagement lorsqu’on pousse le verrou le premier soir !
    Et puis il y a eu la rencontre avec les gens de là-bas, la compréhension que leur curiosité à notre égard n’a rien à voir avec de l’animosité, l’adaptation au « bordel ambiant », jusqu’à trouver ça,sinon amusant, du moins typique. C’est leur mode de vie, dans l’instant, et c’est de loin l’expérience la plus dépaysante que j’ai vécu !
    Profitez bien 😉

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